Je lis souvent sur les réseaux des témoignages de propriétaires confrontés aux « bêtises » de leur.s Chat.s.

Démunis, fatigues voire exaspérés par des griffades continuelles sur le canapé, des pipis fréquents dans le lit ou des agressions à répétition, ils sont à la recherche d’une méthode d’éducation efficace pour mettre un terme à ces désagréments.

Malheureusement, le plus souvent, les réponses qui leur sont apportées sont inadaptées et parfois contre-productives, au point d’aggraver la situation.

Tout simplement parce ce que ces réponses s’appuient sur une mauvaise connaissance du Chat et sur toutes ces projections anthropomorphiques qui ont encore vraiment la peau dure, ce qui conduit inévitablement à des interprétations totalement erronées des comportements félins et des intentions chatesques.

Je vais donc vous expliquer pourquoi attraper votre Chat par la peau du coup, lui donner une tape sur le nez, lui faire peur en lui criant dessus ou en lui courant après, lui envoyer un jet d’eau ou encore l’enfermer 3h dans la salle de bain, constituent pour lui des agressions qui ne lui permettront pas d’apprendre quoi que ce soit.

Le Chat ne fait jamais de « bêtises »

Chez le Chat, chaque comportement est une réponse à un besoin spécifique qu’il tente de satisfaire en fonction des possibilités offertes par son environnement de vie.

Lorsque le Chat fait ce que nous considérons dans notre monde d’humains comme étant une « bêtise », c’est que les contraintes environnementales qui nous lui imposons ne tiennent pas compte de ses impératifs biologiques et qu’il trouve de lui-même une solution pour les satisfaire.

C’est pourquoi lorsque nous punissons notre Chat, ce dernier ne fait pas le lien avec son comportement, ce dernier étant pour lui toujours pleinement naturel et justifié.

Les comportements du Chat peuvent être de deux natures différentes :

• ils correspondent à l’expression de besoins instinctifs indispensables à son équilibre émotionnel et à son bien-être (grimper, griffer, chasser, …)

• ils traduisent un stress du Chat qui se trouve confronté à une situation qu’il ne comprend pas et à laquelle il chercher à s’adapter, à sa façon (élimination hors litière, attaque de prédation, destructions, vocalises, …)

Cela signifie que le Chat n’opte jamais pour un comportement dans l’objectif de nous agacer ou de nous nuire. La vengeance et la jalousie, dont on l’accuse encore trop souvent à tort, tout comme le fait de tester nos limites, de vouloir nous provoquer ou nous dominer, ne font en effet pas partie de son répertoire comportemental.

Pour en savoir plus sur ces idées reçues qui nuisent à votre relation avec votre Chat, je vous invite à lire également mon article Le Chat ressent-il aussi la jalousie et le désir de vengeance ?

Monter sur la table, griffer nos meubles, jouer avec le fil de notre téléphone ou uriner sur le tapis de la salle de bain ne peut donc pas être qualifié de bêtise en tant que telle. Si l’environnement de vie que nous lui proposons n’est pas adapté à l’expression de ses besoins ou qu’il est de nature à le tresser, le Chat se débrouillera seul pour trouver une solution, sa solution, à la situation … et peu importe si cette dernière ne nous convient pas !

Il est aussi possible que le Chat répète un comportement spécifique dans le seul but d’attirer notre attention, parce que cela fonctionne ! Même si l’interaction n’est pas positive pour lui, lorsque nous le chassons de la table à manger sur laquelle nous ne souhaitons pas qu’il monte ou lui crions dessus à 2 heures de matin parce qu’il nous chante la sérénade par exemple, il recommencera tant que nous lui accorderons cet intérêt qu’il recherche en premier lieu …

Le bien et le mal, un concept purement humain

Le Chat n’a aucune notion du bien et du mal, valeurs morales inventées par l’Homme et intimement liées à la culture et à l’éducation… Il ne fait qu’interagir avec son environnement pour répondre à ses instincts et satisfaire ses besoins, voire pour s’occuper aussi lorsque l’ennui pointe le bout de son nez !

Il ne peut comprendre pourquoi déterrer nos plantes, miauler toute la nuit ou nous tendre des embuscades nous met dans un tel état d’énervement puisqu’il agit juste comme son instinct lui intime de le faire. Il est par ailleurs incapable de faire le lien entre nos réprimandes et son comportement lorsque ce dernier date de plusieurs heures …

Si notre Chat s’enfuit à notre approche ou se recroqueville sur lui-même quand nous haussons le ton lorsque nous découvrons l’un de ses forfaits, ce n’est donc pas parce qu’il comprend notre énervement et ressent de la culpabilité, comme nous aimons le croire pour conforter notre idée que le Chat comprend nos interdits.

Tout ce qu’il exprime dans de telles circonstances n’est rien d’autre que le langage corporel de la peur, qu’il ressent face à notre réaction et à une éventuelle punition. Au fil du temps, s’il apprend à craindre notre présence, il peut finir par adopter également des comportements d’évitement voire d’agressivité.

Pourquoi la punition est-elle inefficace chez le Chat ?

Toute punition a pour objectif premier de réduire l’apparition d’un comportement dérangeant et a une connotation désagréable pour celui qui la subit.

Il en existe deux catégories, la punition négative et la punition positive :

• la punition positive consiste à ajouter un désagrément pour diminuer la fréquence d’apparition du comportement cible : pichenette sur le nez, tape sur les fesses, cris, pschitt d’eau, répulsif, …
• la punition négative consiste à retirer un agrément pour diminuer la fréquence d’apparition du comportement cible : suppression de la gourmandise du soir, isolement

La punition peut donner une illusion d’efficacité en stoppant un comportement pendant un certain laps de temps mais il est essentiel de comprendre qu’elle ne le supprimera jamais totalement et le comportement finira toujours par réapparaître.

Car le plus souvent, la punition n’est pas efficace …

Pour être efficace, une punition doit être :

• concomitante : la punition doit être donnée au moment même où le Chat commet sa « bêtise » afin qu’il l’associe à son comportement. Si la punition intervient a posteriori, il ne comprendra absolument pas ce que nous lui reprochons
• indirecte : si nous punissons notre Chat d’une tape sur le museau ou sur les fesses, il nous associera au désagrément de la punition, ce qui sera dommageable à la qualité de notre relation car il risque d’avoir peur de nous et de ne plus nous accorder sa confiance. Notre main ne doit servir qu’aux caresses et autres interactions positives avec notre Chat. Lorsque nous souhaitons punir notre Chat, il nous faut donc trouver une autre manière de faire, afin que notre Chat ne puisse en aucun cas nous associer à la punition qu’il reçoit … plus facile à dire qu’à faire !
• systématique : pour éduquer un Chat, la punition doit être systématique à chaque expression du comportement gênant car si le Chat n’est pas puni à chaque fois qu’il l’exprime (en notre absence par exemple), il y perdra rapidement son latin et ne comprendra absolument ce que nous voulons lui apprendre …

Alors, nul besoin d’épiloguer, ces 3 caractéristiques indispensables pour qu’une punition soit efficace sont quasiment impossible à respecter, ce qui démontre que l’écrasante majorité des punitions est totalement inefficace et qu’il vaut mieux oublier sans délai ces pratiques d’un autre âge ….

Dire oui à l’éducation positive

Le Chat est un animal très sensible, et l’usage récurrent de la punition peut le mettre dans un inconfort émotionnel tel qu’il perd alors toute capacité de réflexion, de compréhension et d’apprentissage.

Un Chat submergé par des émotions négatives n’est donc absolument pas en mesure de modifier son comportement positivement, et il peut même développer des réactions de peur, d’évitement et d’agression en réponse au stress ressenti.

Lorsque nous infligeons une punition à notre Chat, nous devenons avant tout à ses yeux incompréhensible et imprévisible, donc effrayant, ce qui peut :

• renforcer un état d’anxiété déjà présent

• générer de la peur

• malmener le lien de confiance qui nous unit

• amplifier le comportement gênant initial

• déclencher l’apparition de nouveaux comportements gênants

La punition, en plus d’être inefficace, conduit ainsi souvent au renforcement du comportement dérangeant, elle est parfaitement contre-productive !

La punition est bien souvent le point de départ d’une spirale négative qui dégrade rapidement la qualité de notre relation avec notre Chat et dont il est difficile de s’extraire.

Car notre Chat apprend juste à repérer chez nous les signaux corporels et para-verbaux qui annonce la réprimande et à se méfier de nous (en descendant de la table par exemple, non pas parce qu’il aura compris que c’est interdit mais juste parce qu’il aura peur de nous et s’éloignera pour rester hors de portée), tout en continuant à exprimer son comportement, parfaitement justifié pour lui, en notre absence.

En disant cela, je ne dis pas qu’un Chat ne peut pas « s’éduquer ». Il est tout à fait possible de lui apprendre à cesser un comportement que nous jugeons inapproprié.

Au préalable, il est toutefois essentiel de vérifier que l’environnement de vie que nous lui offrons lui permet d’exprimer l’ensemble de son répertoire comportemental et répond pleinement à ses besoins (mode et fréquence de distribution alimentaire, litières optimisées, perchoirs, cachettes, zones d’isolement, activités motrices et cérébrales, supports de marquage, …).

Pour découvrir comment enrichir votre intérieur pour répondre aux instincts félins de votre Chat, je vous invite à lire également mon article L’enrichissement du milieu, l’assurance d’un Chat bien dans ses pattes

Puis s’il s’avère malgré tout nécessaire de modifier l’un de ses comportements, il convient d’identifier en premier lieu la motivation qui le pousse à exprimer ce comportement indésirable à nos yeux, d’adapter l’environnement en lui proposant des alternatives acceptables et de renforcer ses bons comportements en les récompensant.

C’est ce que j’appelle le triangle de la réussite de l’éducation positive !

Chez le Chat, l’éducation positive donne d’excellents résultats.

Mieux vaut donc récompenser les comportements qui nous conviennent et ignorer purement et simplement les autres pour conduire le Chat à les abandonner de lui-même, plutôt que de recourir à la punition, tout autant inefficace que contre-productive.

Ma pratique de comportementaliste félin s’inscrit dans cette approche positive et bienveillante, elle vise à préserver l’équilibre et la complicité de votre relation avec votre Chat.

Et comme je crois profondément aux bienfaits de la prévention, je vous invite à participer les 25 et 26 octobre prochain, à un atelier en ligne gratuit qui vous permettra de découvrir les 3 principaux facteurs de risque d’apparition d’un comportement indésirable et comment les limiter pour développer avec votre Chat une relation empreinte de confiance et de complicité.

Je me réjouis dès à présent de partager ce moment avec vous.

N’attendez pas pour vous inscrire, réservez votre place à présent :

• atelier du 25 octobre à 20h
• atelier du 25 octobre à 20h

CHATleureusement Votre !

Hélène