Les premières semaines de vie du Chaton sont décisives en matière de développement comportemental.

En effet, le comportement du Chat adulte se forge dès son plus jeune âge. On entend ainsi souvent dire que chez le Chat, tout se joue avant l’âge de 2 mois !

C’est au cours de la période dite de socialisation, également appelée période sensible, que se joue effectivement la confiance de votre Chaton et son acclimatation aux hommes, aux autres animaux de compagnie, à notre environnement de vie.

Un Chaton mal socialisé avant ses 2 mois présentera plus de risques de devenir méfiant, peureux, anxieux ou agressif. A l’inverse, un Chaton bien socialisé sera plus susceptible d’être affectueux, confiant et équilibré.

Mon paCHAT & Moi ! vous explique tout ce qui se joue pendant cette période stratégique de la socialisation et vous conseille pour la réussir au mieux, afin d’éviter les erreurs qui peuvent avoir de malheureuses répercussions sur le comportement de votre Chat.

Qu’est-ce que le développement comportemental du Chaton ?

Le développement comportemental correspond à une période spécifique de la croissance du Chaton qui lui permet de développer ses compétences afin de pouvoir mener une vie sociale parfaitement adaptée à son espèce une fois devenue adulte.

Lorsque le processus d’acquisition de certaines de ces compétences est perturbé, des troubles du comportement peuvent survenir comme la malpropreté, les griffades et destructions, l’agressivité, l’hyperactivité ou encore l’anxiété.

Les 3 déterminants du développement comportemental

Les processus d’apprentissage et d’évolution des comportements au cours de la vie constitue les fondements du développement comportemental de chaque individu.

3 facteurs, également appelés déterminants, sont de nature à influer ce développement comportemental, c’est-à-dire à lui conférer des caractéristiques propres :

· les facteurs génétiques (déterminants internes)

Ils ne sont pas prédominants chez le Chat, dans la mesure où ce dernier a été peu modifié génétiquement par l’Homme (contrairement au Chien qui présente un grand nombre de races très différentes les uns des autres).

Cette faible pression de sélection génétique s’explique par la domestication récente du Chat et ses aptitudes propres de nature à répondre aux besoins des premières sociétés humaines.

Chez le chat, on peut donc parler de rigidité génétique.

· les facteurs environnementaux (déterminants externes)

Ces déterminants externes que sont l’environnement physique et social du Chat tout autant que ses premières expériences de vie peuvent influer sur certains de ses comportements dès la période prénatale mais surtout pendant la période postnatale précoce.

Le Chat est en effet une espèce nidicole, c’est-à-dire qu’il nait sans être totalement formé, et la maturation de ses compétences nerveuses, motrices et sensorielles se poursuit donc au cours de ses premières semaines de vie

Cette influence des facteurs environnementaux n’est pas identique tout au long de la période de développement du Chaton, elle est par contre particulièrement cruciale lors des moments clés de développement du système nerveux central, que l’on désigne sous le terme de « période sensible ».

Toutefois, la rigidité génétique du Chat entraîne une certaine rigidité comportementale, ce qui lui permet de satisfaire ses besoins vitaux même si ses expériences et ses apprentissages précoces n’ont pas été pleinement satisfaisants.

· le tempérament du Chaton (déterminant individuel)

Le tempérament du Chaton est également un élément important à prendre en compte car il peut lui aussi nuancer ses comportements.

Ainsi, avec des conditions de développement identiques, les Chatons d’une même fratrie peuvent présenter des comportements différents, être plus timides ou plus assertifs (c’est-à-dire sûrs d’eux), préférer le jeu, les contacts avec leurs congénères ou les câlins.

Les 4 périodes du développement comportemental

Le développement comportemental du Chaton se subdivise en 4 périodes successives dont la durée reste approximative et qui peuvent également parfois se chevaucher partiellement :

· la période prénatale

Elle correspond à la gestation et dure environ 2 mois. Dès le début de la phase fœtale, au 25^ème jour de gestation, le sens tactile se développe chez les Chatons, ce qui explique le rôle majeur de l’environnement dès cette étape de leur développement comportemental.

Tout stress de la maman Chat est ressenti par les Chatons au travers du placenta, et influence donc leurs futures émotivité et capacité de tolérance au contact.

· la période néonatale

Elle débute à la naissance des Chatons et s’achève aux alentours des 10 jours, avec l’ouverture de leurs yeux.

Le système nerveux n’étant pas encore totalement développé, les comportements du Chaton sont encore uniquement réflexes (on parle de réflexes primaires ou archaïques):

* Le réflexe de fouissement (ou rooting reflex), qui permet au Chaton de trouver la mamelle nourricière

* Le réflexe labial, provoqué par le contact du trayon sur les lèvres du Chaton

* Le réflexe de succion, déclenché lorsque la mamelle rentre en contact avec la langue et le palais du Chaton

De plus, le Chaton ne régule pas encore sa température corporelle interne et il recherche donc en permanence la chaleur de sa mère et de sa fratrie.

· la période de transition

Elle s’étale en moyenne du 10 au 15^ème jour de vie du Chaton, de l’ouverture de ses yeux à l’apparition de l’audition et voit la disparition des réflexes primaires. La stimulation du sens tactile reste essentielle à ce stade.

La période de transition correspond donc à une période essentielle de la maturation sensorielle, en permettant au Chaton d’interagir avec sa mère, sa fratrie et son environnement, tant physique que social.

Il arrive toutefois qu’elle soit « virtuelle », lorsque l’acquisition de la vue et de l’ouïe interviennent au cours de la phase néonatale, sous l’influence de facteurs environnementaux et/ ou génétiques.

· la période de socialisation

Toutes les expériences et les événements que le Chaton vit entre sa 2ème et sa 9ème semaine, qu’ils soient positifs ou négatifs, laissent en lui une marque indélébile alors qu’au-delà de cette période, les apprentissages sont moins bien mémorisés, du fait d’une perte de malléabilité du système nerveux.

Chez le Chat, cette période de socialisation précoce et courte est appelée « période sensible ».

La socialisation du Chaton : une période clé de son développement comportemental

Au cours de sa période de socialisation, le Chaton découvre le monde. Ses capacités sensorielles et motrices lui permettent en effet désormais s’appréhender pleinement toutes les stimulations extérieures : son acuité visuelle est effective, il distingue les sons inconnus et y réagit par une posture d’intimidation, il se déplace en totale autonomie et interagit, souvent par le jeu, avec les éléments constitutifs de son environnement.

Cette période du développement comportemental du Chaton est essentielle car elle permet l’acquisition de 3 processus fondamentaux, qui conditionnent le comportement ultérieur du Chat adulte et ses capacités d’interaction avec ses congénères, les autres animaux et les humains.

Ces 3 processus d’apprentissages se mettent en place de façon concomitante et sont étroitement liés entre eux.

La socialisation primaire

La socialisation primaire du Chaton comprend la socialisation intra-spécifique (avec ses congénères) et la socialisation inter-spécifique (avec les autres espèces comme le Chien ou l’Homme).

· La socialisation intra-spécifique

La socialisation du Chaton à sa propre espèce détermine la qualité de ses relations futures avec ses congénères et sa capacité à cohabiter avec eux.

Pour qu’un Chaton soit bien socialisé à sa propre espèce, il doit vivre au contact d’autres Chats au moins jusqu’à ses 8/9 semaines. Cette socialisation intra-spécifique est par ailleurs optimale si le Chaton est issu d’une portée nombreuse (4 chatons minimum), et s’il reste avec ses frères et sœurs jusqu’à l’âge de 10 à 12 semaines car c’est au cours de leurs jeux partagés que les Chatons acquièrent les rituels de communication propres à leur espèce.

La socialisation intra-spécifique est indélébile et le Chaton ayant vécu avec ses congénères pendant sa période de socialisation les reconnaîtra comme tels toute sa vie, même s’il en est privé par la suite.

A l’inverse, un Chaton séparé précocement de sa mère et de sa fratrie s’identifiera à l’espèce qui l’élève.

· La socialisation inter-spécifique

La socialisation inter-spécifique, c’est-à-dire avec d’autres espèces, détermine la qualité des relations que le Chaton sera capable d’entretenir avec elles une fois devenue adulte.

Jusqu’à ses 2 mois, le Chaton est naturellement attiré par tous les êtres vivants qu’il rencontre. Si les contacts sont positifs, il se familiarise à ces espèces. Après ces 2 mois, à l’inverse, le Chaton a peur de tous les êtres vivants d’espèce inconnue et il se socialise donc avec beaucoup plus de difficulté.

Pour que la socialisation à l’Homme notamment soit optimale, il est nécessaire que le Chaton soit manipulé quotidiennement (30 à 40 mn/j) dans un contexte agréable et positif pour lui. Sa socialisation sera également meilleure si le nombre d’humains qui le manipule est important.

Il est également important que la maman Chat ne présente pas de réactions de peur face à l’Homme qui s’occupe d’elle et de ses petits car alors, ces derniers ressentiront ce stress et l’associeront à la présence humaine.

Un déficit de contacts pendant la période de socialisation provoquera à terme des réactions de fuite, d’évitement ou d’agressivité. Par ailleurs, cette socialisation inter-spécifique est réversible et doit être entretenue. Si le Chat se retrouve privé de contacts humains pendant un long laps de temps, il peut ainsi redevenir sauvage.

Les auto-contrôles

On appelle autocontrôles la maîtrise des comportements de morsure et de griffure.

Ces apprentissages s’acquièrent vers la 5ème semaine puis déclinent entre la 12^ème et la 14^ème semaine.

La vie en fratrie et les jeux sociaux sont essentiels à leur bonne acquisition. Grâce à eux, le Chaton apprend en effet à réguler ses comportements : rétracter ses griffes, contrôler l’impulsivité de ses réactions d’attaque, inhiber l’intensité de sa morsure.

La présence de la maman Chat aux côtés du Chaton est également indispensable car elle régule au besoin ses débordements et lui sert de modèle à imiter.

Pour en savoir plus sur le rôle de la maman Chat, je vous invite à découvrir également mon article La maman Chat : pourquoi sa présence est-elle essentielle auprès de ses Chatons ?

L’homéostasie sensorielle

La période de socialisation détermine également le seuil de tolérance du Chaton aux stimulations extérieures. Jusqu’à ces 2 mois, le Chaton est curieux de tout et sans inhibition mais une fois passé ce stade de son développement, tout nouveau stimulus inconnu devient à l’inverse source de stress et d’inquiétude.

L’exposition du Chaton à de nouvelles expériences et à une grande variété de stimuli (manipulations corporelles, bruits, couleurs, textures, goûts et odeurs …) pendant sa période de socialisation lui permet donc de construire un haut niveau de référence émotionnel et des capacités d’adaptation aux changements de son environnement plus élevées.

Ainsi, si votre Chaton est destiné à être adopté et à quitter votre foyer, il est important de le stimuler suffisamment afin de ne pas provoquer chez lui de fortes réactions de peur et une incapacité à gérer tous les stimuli de son nouveau lieu de vie qu’il n’aurait pas eu l’occasion d’intégrer préalablement à son système de référence.

La socialisation du Chaton : comment la réussir ?

Un manque de manipulation, une séparation précoce ou une hypostimulation sont autant de raisons à l’apparition de comportements inappropriés, en inhibition (fuite, anxiété, agression par peur) comme en excès (hypersensibilité, hyperactivité, agressivité) chez le Chat et ont une influence sur la qualité de sa relation avec son propriétaire à l’âge adulte.

Alors, comment mettre toutes les chances de son côté et réussir la socialisation de son Chaton ?

Apprendre au Chaton qu’il est un Chat

· Ne séparez pas votre Chaton de sa mère et de sa fratrie avant au minimum ses 10 semaines

· En cas de séparation précoce ou d’un sauvetage d’un bébé orphelin ou abandonné, mettez votre Chaton au contact d’autres Chats adultes le plus souvent possible (en veillant à garantir sa sécurité et sa santé bien entendu)

Exposer le Chaton à de nombreux stimuli

· Manipulez doucement et quotidiennement votre Chaton dans un contexte agréable pour lui, dans sa pièce de vie s’il n’a pas accès à l’ensemble de votre logement, à proximité de sa maman Chat pour être en confiance, dans une ambiance calme, en le récompensant avec des friandises, …

· Présentez-lui divers profils humains : enfant, femme, homme, personne âgée, toujours dans un contexte positif pour lui afin de lui apprendre à n’avoir peur de personne

· Habituez-le progressivement à ne plus avoir peur des sons habituels d’une maison comme l’aspirateur ou la machine à laver, en jouant avec lui et en le récompensant lorsque ces appareils sont en fonctionnement, ce qui lui permettra de les associer rapidement à un moment plaisant pour lui

· Développer son sens gustatif en lui proposant régulièrement de nouvelles saveurs sous forme de gourmandises en complément de son alimentation habituelle

· Habituez votre Chat à la présence d’autres animaux comme le Chien afin d’éviter qu’il n’en ait peur une fois adulte

Enrichir le milieu de vie du Chaton

· Offrez à votre Chaton de quoi répondre à ses besoins instinctifs et se défouler : arbre à chat, perchoirs, vue sur l’extérieur, cachettes

· Nourrissez le comportement de prédation de votre Chaton grâce à ses distributeurs mobiles de croquettes ou des plateaux d’activité

· Jouez avec lui au moins deux fois par jour pendant 15 à 20 mn avec des jouets à distance (plumeaux, cannes à pêche)

· Proposez-lui des jouets en autonomie, inertes ou animés comme un FUNFISH

Pour découvrir comment enrichir le milieu de vie de votre Chat, je vous invite à découvrir également mon article L’enrichissement du milieu, l’assurance d’un Chat bien dans ses pattes !

Travailler les associations positives

· Eduquez votre Chaton en lui apprenant à fréquenter sa litière, à utiliser ses griffoirs, à inhiber sa morsure et ses griffures, grâce à la distribution de friandise en récompense d’un bon comportement

· Exposez-le à chaque nouvelle situation ou chaque nouvel objet (comme la caisse de transport) avec calme et sérénité afin qu’il calque par imitation son comportement au vôtre

· Habituez progressivement votre Chaton aux différents stimuli de votre environnement ainsi qu’aux lieux que vous fréquentez régulièrement (habitation principale, maison de vacances ou de famille)

· Ne surchargez pas votre Chaton de stimulations, au risque que ces dernières ne deviennent anxiogènes, observez toujours les réactions de votre Chaton et respectez son rythme à lui

· Ne punissez jamais votre Chaton, très sensible émotionnellement, afin de ne pas nuire et dégrader votre relation

 

 

La période de socialisation est une période importante d’apprentissage pour le Chaton. Lorsqu’elle est bien conduite, elle améliore les capacités d’adaptation du Chat aux nouvelles situations et réduit donc d’autant tout risque de stress et d’anxiété, nuisibles à long terme pour sa santé.

Mais cela ne signifie pas pour autant qu’un Chaton mal socialisé deviendra obligatoirement un Chat adulte perturbé. Comme nous l’avons vu, la rigidité génétique du Chat est un atout de taille et avec de la patience et de la persévérance, il est également possible d’améliorer significativement la socialisation d’un Chat plus âgé.

Pour cela, même au-delà de sa période sensible, il demeure essentiel que le Chat reçoive des expériences positives quotidiennes lui permettant d’entretenir et de renforcer ses habiletés sociales. Chaque nouvelle stimulation, qu’elle soit auditive, visuelle, tactile ou olfactive, devra être introduite de manière graduelle en intensité comme en durée afin d’éviter toute excitation émotionnelle difficilement gérable pour le Chat.

Si votre Chat souffre d’un défaut de socialisation intra et/ou interspécifique, d’un déficit d’acquisition de ses auto-contrôles, d’une anxiété exacerbée, de malpropreté ou d’agressivité, et que vous ne savez comment y remédier, je vous vous aider à améliorer la situation.

On s’appelle pour en parler ?

CHATleureusement Vôtre !

Hélène