Quand on est amoureux des Chats, on a parfois du mal à se résoudre à l’idée de n’en avoir qu’un seul, on en veut souvent plusieurs autour de soi.
Alors un jour, on craque et on décide d’adopter un nouveau petit compagnon.
Mais lorsqu’on arrive enfin la rencontre tant attendue, voilà que nos Chats se crachent dessus, feulent et se donnent des coups de patte.
Et ce qui devait être un moment de joie partagée tourne au fiasco !
Car le Chat est un être pétri d’habitude qui peut très mal vivre un changement brutal de son environnement social et n’est pas non plus naturellement enclin à partager les ressources de son espace vital avec le premier venu.
C’est ce qui explique que la cohabitation entre Chats ne va pas forcément de soi !
Alors même si le Chat peut apprendre à aimer la compagnie de ses congénères, et partager avec eux câlins et jeux, cette dernière ne doit pas lui être imposer du jour au lendemain.
Il faut respecter certaines précautions, surtout au début de la cohabitation, pour mettre toutes les chances de son côté et transformer une nouvelle adoption en succès !
Dans ce nouvel article de Mon paCHAT & Moi !, je vous présente les différents facteurs qui peuvent influencer les capacités de cohabitation du Chat, ce qu’implique l’arrivée d’un nouveau Chat en terme d’enrichissement du milieu, en quoi consiste un protocole de mise en relation et enfin le risque d’anxiété qui peut naître d’une cohabitation mal acceptée.
Ces facteurs qui influencent une cohabitation entre Chats
Le niveau de socialisation intra-spécifique
Elle détermine la qualité des relations futures du Chat avec ses congénères et donc sa capacité à cohabiter avec eux.
Cette socialisation intra-spécifique est optimum lorsque le chaton provient d’une portée suffisamment nombreuse (4 chatons minimum), et qu’il reste avec ses frères et sœurs jusqu’à l’âge de 10 à 12 semaines.
Car c’est au contact des autres Chats, et en grande partie lors des jeux, que le Chaton apprend qu’il est un Chat et acquiert les rituels de communication propres à son espèce.
Un chaton séparé précocement de sa mère et de sa fratrie, et qui n’aura pas grandi au contact d’un autre Chat « éduchateur » s’identifiera à l’espèce qui l’aura élevé et présentera donc de plus grandes difficultés à cohabiter avec d’autres Chats dont il n’aura pas acquis les codes sociaux et dont il aura fréquemment peur.
Le caractère
Dans la plupart des cas, la devise « qui se ressemble, s’assemble » fonctionne aussi pour les Chats !
Ainsi un Chat calme sera très vite agacé par un Chat plus actif qui trouvera donc plus de complicité avec un congénère présentant le même caractère que lui.
Mieux vaut donc choisir son nouveau Chat en tenant compte des traits de caractère de ceux que l’on a déjà afin de faciliter leur cohabitation.
La protection de ressources
Cela ne signifie pas qu’il est incapable de vivre avec des congénères mais plutôt qu’il ne recherche pas forcément de la compagnie et peut parfaitement se satisfaire d’une vie solitaire.
Car le Chat, en bon chasseur opportuniste, est avant tout attaché à son espace vital et notamment aux ressources que ce dernier peut lui offrir.
Ces dernières sont de nature variée (alimentaire bien sûr mais également affective, elles peuvent aussi prendre la forme d’un poste d’observation stratégique, d’une source de chaleur ou d’une vue sur l’extérieur) et selon leur disponibilité et le bien être qu’elles lui procurent, le Chat peut ne pas vouloir les partager et être amené à les défendre vigoureusement en cas de compétition avec un tiers.
La dominance n’existe pas chez le Chat qui ne présente pas d’organisation hiérarchique mais certains individus peuvent démontrer une motivation plus marquée dans la défense ou l’obtention d’une ressource en particulier …
Les « contrats »
Cette signature des contrats est donc le préalable nécessaire à une cohabitation approuvée et sereine. C’est pour cela qu’il ne faut jamais intervenir dans un conflit entre Chats car tant que le contrat ne sera pas conclu entre eux, le conflit ressurgira, en prenant toujours plus d’importance ce qui augmentera d’autant l’intensité des combats ….
Tout changement d’environnement ou de routine peut conduire à modifier un contrat et nécessiter une nouvelle signature entre 2 Chats, c’est pourquoi l’arrivée d’un nouvel individu dans une cohabitation pré-existante bouscule toute l’organisation en place et remet l’ensemble les compteurs à zéro.
Nos comportements et désirs d’humain pour améliorer une cohabitation féline, en forçant le rapprochement ou le partage d’une ressource comme le lit ou le canapé, peuvent également être de nature à perturber les contrats en place et conduire ainsi à de nouvelles confrontations.
L’âge
En matière de cohabitation entre Chats, mieux vaut ne pas réunir les extrêmes. On pense souvent à adopter un chaton pour stimuler un Chat plus âgé mais il s’agit là d’une fausse bonne idée.
Certes, le Chaton présente une certaine flexibilité et est naturellement attiré par les autres Chats (sous réserve qu’il y ait été socialisé) mais la réciproque est rarement vraie.
Son énergie et son rythme de vie risquent en effet de ne pas réjouir des Chats plus âgés attachés à leur tranquillité et de perturber l’équilibre établi par ses besoins de jeu et ses sollicitations incessantes.
Mieux vaut donc opter pour un écart d’âge limité entre Chats destinés à cohabiter …
Les ressources : le secret d’une cohabitation entre Chats réussie
Pour qu’une cohabitation entre Chats se passe bien, il est essentiel de limiter la concurrence entre eux, et donc le nombre de contrats à passer.
Quand on parle de ressources, on pense bien évidemment prioritairement à la nourriture. Si celle-ci doit effectivement être proposée ad libitum et dispersée en différents lieux pour éviter toute rivalité pour y avoir accès, éventuellement via des distributeurs ludiques pour nourrir le besoin instinctif de prédation, d’autres éléments de l’environnement sont tout aussi essentiels :
· Les champs de repos, confortables et en sécurité
· Les cachettes
· Les perchoirs en hauteur
· Les points d’observation sur l’extérieur
· Les griffoirs
· Les jouets
· Les litières en nombre suffisant (nombre de Chats +1, sauf si leur grande taille permet de compenser leur nombre)
· sans oublier le contact humain, c’est-à-dire les jeux partagés, les caresses et les câlins
Pour vous aider à aménager correctement votre intérieur et répondre ainsi aux besoins physiologiques (alimentation, éliminations, repos, déplacements) mais aussi comportementaux (communication, exploration, griffades, chasse/jeu, etc.) de chacun de vos Chats, je vous invite à lire (ou relire !) mon article L’enrichissement du milieu, l’assurance d’un Chat bien dans ses pattes.
Une insuffisance ou une mauvaise gestion de toutes ces ressources peut être à l’origine de problèmes au sein de votre communauté féline. Il est donc essentiel de veiller à vous équiper au besoin d’accessoires supplémentaires avant d’envisager toute nouvelle adoption afin de permettre à vos Chats d’intégrer un nouveau venu beaucoup plus sereinement.
Bien débuter une cohabitation entre Chats grâce au protocole de mise en relation
Toute arrivée d’un nouveau Chat va inévitablement perturber l’organisation spatiale et sociale du ou des Chat(s) vivant déjà avec vous. Afin que chacun trouve sa place, il est nécessaire de ne pas faire les présentations tout de suite et de respecter certaines étapes pour l’introduction du nouveau venu, c’est ce que l’on appelle le protocole de mise en relation.
Ce dernier est progressif mais peut demander du temps et de la patience (de quelques jours à plusieurs semaines) en fonction des capacités d’adaptation et de cohabitation de chacun.
Tout au long de sa mise en œuvre, l’observation des réactions de chacun et la vigilance au moment des rencontres doivent être de mise.
Par ailleurs, avant toute nouvelle cohabitation, il est vivement recommandé de procéder à un bilan de santé du nouvel arrivant et de vérifier que la vaccination des Chats déjà présents est bien à jour.
Enfin, hormis dans le cas d’un Chaton, une stérilisation préalable à la cohabitation est souvent de nature à pacifier les relations.
La préparation d’une pièce dédiée pour le nouveau Chat
Vous y installerez tout son nécessaire c’est-à-dire ses gamelles d’eau et de nourriture, sa litière (suffisamment séparée de ses gamelles), une ou deux cachettes douillettes (comme sa caisse de transport avec un linge très douillet et/ou un carton), un griffoir, quelques jouets et si possible des lieux d’observation et de repli en hauteur.
L’installation et l’acclimatation du nouveau Chat
Installez directement votre nouveau Chat en le déposant avec sa caisse de transport directement dans la pièce qui lui est dédiée, sans permettre la moindre interaction avec vos Chats résidents (au besoin, enfermez ces dernier dans une autre pièce le temps nécessaire).
Ouvrez la caisse de transport, déposez quelques petites friandises en divers endroits puis quittez la pièce et laissez le nouveau venu sortir de la caisse à son rythme et commencer à explorer son nouveau lieu de vie.
Ne le sollicitez pas trop le 1er jour, cela risquerait de le stresser. Limitez-vous à partager quelques minutes avec lui à plusieurs reprises dans la journée, mais toujours en le laissant à l’initiative des contacts, que vous récompenserez d’une petite friandise au passage…
Laissez-le vivre isolé dans cette pièce le temps qu’il s’acclimate en douceur à son nouvel environnement et s’y installe pleinement (siestes dans sa cachette ou allongé de tout son long sur le sol, étirements au réveil, interactions à votre entrée dans la pièce, marquage facial sur vos jambes et sur les meubles, bon appétit, …)
Cette étape est intimement dépendante du nouveau Chat et peut prendre plusieurs jours.
L’échange des odeurs
S’ils mangent cette dernière sans faire grand cas de l’odeur de leur(s) futurs) congénère(s), la cohabitation s’annonce bien.
Si au contraire, l’un des Chats (nouveau venu ou résident) se met à cracher ou à feuler, n’insistez pas et prévoyez de recommence plus tard avec une friandise d’une valeur supérieure jusqu’à ce que le Chat en question soit plus intéressée par cette dernière que par l’odeur de son congénère.
Si vous le pouvez, échangez également ponctuellement les territoires. Laissez le nouveau Chat explorer la maison pendant que vos Chats résidents iront découvrir la pièce d’accueil. Remettez ensuite votre nouveau Chat dans sa pièce et laissez vos autres Chats se promener librement dans la maison. Cet échange répété régulièrement permettra le mélange des odeurs félines et l’habituation des Chats à ces dernières.
Cette étape de l’échange d’odeur ne s’achèvera que lorsque chacun des Chats adoptera un comportement détendu en présence de l’odeur de l’autre, notamment dans son espace de vie respectif.
Cette étape peut également prendre quelques jours. A ce stade, les Chats ne sont toujours pas entrés en contact visuel.
L’ouverture de la pièce
Si les Chats mangent, laissez-les terminer leur repas puis refermez la porte.
Si l’un d’eux réagit (ne mange pas, feule, adopte une posture agressive), respecter son besoin d’une plus grande distance inter-individuelle et éloignez sa gamelle de la porte jusqu’à ce qu’il s’y intéresse.
Veillez toujours à ce qu’aucun Chat ne tente d’agresser l’autre, et refermez la porte au besoin.
Il est intéressant à ce stade d’installer un grillage ou une moustiquaire sur le cade de la poste pour permettre le contact visuel entre Chats tout en limitant tout velléité d’échauffourée.
Recommencez ce partage de repas pendant quelques jours en rapprochant à chaque fois un peu plus les gamelles (de quelques centimètres à la fois) jusqu’à ce que tous vos chats mangent à proximité les uns des autres sans cacher ni feuler.
Laissez-leur le temps nécessaire pour s’habituer à la présence de l’autre. N’essayez jamais de forcer ou d’accélérer leur processus de mise en relation, ce sont eux qui doivent donner le tempo.
La rencontre entre Chats
Lorsque les Chats mangent de part et d’autre de la porte sans animosité les uns vis-à-vis des autres, le moment est venu de les laisser librement interagir entre eux, sans tension ni oppression.
Les premières rencontres doivent néanmoins rester brèves, régulières et toujours en votre présence !
Leur partage de l’espace vital, via la signature des contrats, va se mettre progressivement en place.
Pendant ces conflits, ne cherche pas à les séparer, ne les grondez pas, laissez-les gérer leurs affaires et conclure leurs accords le plus rapidement possible, cela évitera les conflits non soldés qui risqueraient de dégénérer.
Au besoin, le nouveau Chat se réfugiera dans cette première pièce où il a été installé, devenue son lieu de refuge, pour s’y cacher, s’y reposer, s’y ressourcer.
Vos Chats choisiront eux même peu à peu le niveau de leur cohabitation : satisfaire leurs besoins (manger, boire, éliminer, dormir) sans forcément croiser l’autre ou au contraire apprendre à se connaître et à se fréquenter.
Ce protocole de cohabitation peut également s’appliquer lorsqu’un des Chats de votre tribu revient chez vous après plusieurs jours d’hospitalisation chez le vétérinaire ou de pension ou encore après un toilettage s’il risque de ne pas être reconnu par ses congénères.
Voici une courte vidéo d’Educhateur qui permet de résumer les grandes lignes de ce protocole de manière pédagogique et amusante.^
La cohabitation entre Chats : un risque majeur d’anxiété
Même si la plupart du temps, la cohabitation entre Chats fonctionne plutôt bien, il ne faut pas perdre de vue qu’introduire un nouvel animal dans votre foyer peut constituer une importante source de stress pour votre (vos) Chats (s) déjà présents.
Lorsque des Chats se rencontrent pour la première fois, il n’est pas rare qu’ils feulent et crachent pour mettre de la distance entre eux. Il s’agit là d’un comportement tout à fait normal qu’il importe de ne pas contrecarrer.
Tous ces comportements révèlent une difficulté à se répartir l’espace disponible, en raison le plus souvent de l’exiguïté du territoire, d’une absence de zones d’isolement ou encore de l’ingérence des propriétaires qui empêchent la signature des contrats.
Ces tensions et conflits entre Chats sont source de stress : c’est ce qu’on appelle l’anxiété de cohabitation, présente tant chez le Chat victime (anxiété permanente le plus souvent) que chez le Chat agresseur (anxiété intermittente).
Plusieurs stades peuvent être identifiés.
· Au stade 1 dit de DISTANCIATION, le Chat agresseur surveille le Chat victime, qu’il menace et attaque principalement dans certaines zones. En augmentant le nombre et la disponibilité des ressources, il est possible de faire évolue favorablement la situation. Les Chats arriveront progressivement à se partager le territoire et les agressions cesseront.
· Au stade 2 dit de l’ESCARMOUCHE, le Chat agresseur généralise ses attaques vis-à-vis du Chat « victime » qui tend alors à s’isoler et limite ses déplacements jusqu’à hésiter à aller boire et manger par peur de se faire agresser.
· La situation peut encore évoluer vers un stade 3 dit de l’OBNUBILATION, où le Chat agresseur passe son temps à surveiller le Chat victime qui devient totalement inhibé, stressé et refuse même d’aller dans sa litière.
Lorsque les stades 2 ou 3 sont atteints, un traitement médical est conseillé pour aider à réduire l’agressivité du Chat agresseur et pouvoir engager un travail comportemental vivant relancer le comportement exploratoire du Chat victime et à rétablir une relation sereine et équilibrée entre les 2 protagonistes.
Si une difficulté de cohabitation apparait du jour au lendemain entre 2 Chats vivants ensemble depuis longtemps, sans modification notable de leur environnement physique et social ou de leurs routines, il est essentiel de consulter au plus vite un vétérinaire.
Certaines douleurs, certaines maladies, peuvent provoquer de l’irritabilité et il y a lieu d’éliminer cette possibilité avant d’engager tout travail comportemental.
Agrandir sa famille en adoptant un nouveau Chat est pour nous un véritable moment de joie mais n’oublions pas que pour nos Chats déjà présents, cette adoption constitue surtout un changement important qui doit être anticipé et se faire de manière progressive.
En effet, l’arrivée d’un nouveau chat peut être source de stress et d’incompréhension pour nos compagnons déjà présents. Et il arrive que la rencontre ne soit pas aussi facile et rapide que nous ne le pensions.
Il est également possible que certains Chats ne s’entendent jamais, malgré toute notre bonne volonté, le respect du protocole de mise en relation, les associations positives, la désensibilisation et le contre conditionnement pour modifier l’émotion générée par la présence de l’autre Chat.
Il est donc essentiel de toujours prévoir au préalable une alternative pérenne pour le Chat dernier arrivé en cas de cohabitation impossible …
Si vous rencontrez des difficultés en matière de cohabitation entre vos Chats ou que vous souhaitez préparer au mieux l’arrivée d’un petit dernier, je vous propose d’en parler ensemble, n’hésite donc pas à me contacter !
CHATleureusement Vôtre !