Le Chat ressent-il aussi la jalousie et le désir de vengeance ?

Jaloux et vengeur ! Ces deux adjectifs reviennent régulièrement pour qualifier le Chat sur les réseaux d’échange dédiés à la compréhension de son comportement !

Les preuves mises en avant pour confirmer ces dires sont le plus souvent son refus fréquent de partager son territoire et son maître préféré avec un congénère nouveau venu ou ses nombreuses bêtises, comme ces fréquents pipis sur notre lit, lorsque nous le laissons seul trop longtemps …

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Mais finalement, ces comportements correspondent ils vraiment à de la jalousie ou de la vengeance ? Qu’en savons-nous vraiment ? Le Chat est-il vraiment capable de ressentir ces deux émotions complexes ?

Ne s’agit-il pas plutôt d’une de ces nombreuses projections anthropomorphiques, dont nous sommes friands sur nos animaux de compagnie depuis qu’ils sont devenus des membres à part entière de nos familles ?

Mon paCHAT & Moi ! prend position sur ce sujet et vous partage sa façon de penser !

Les émotions animales, un débat toujours ouvert

Si on a longtemps cru que les Hommes avaient le monopole des émotions, les recherches scientifiques et neurobiologiques ont permis de mettre en lumière les capacités cognitives des animaux et il est désormais impossible de nier le fait que de nombreuses espèces animales peuvent ressentir des émotions, voire même sont capables d’établir une relation de cause à effet entre l’émotion et son origine.

C’est ainsi que les animaux ont enfin été reconnus comme « êtres vivants doués de sensibilité » dans le nouveau Code civil français de 2015.

Sweet grey cat laying with eyes closedLes grands mammifères (singes, chats, chiens, chevaux dauphins, éléphants, etc.) ressentent donc, notamment, toute la gamme des émotions primaires que sont la joie, la peur, la tristesse, la colère, le dégoût ou la surprise.

Ces émotions de base ont comme principale utilité de les aider à s’adapter à leur environnement et donc à survivre, qu’il s’agisse de se nourrir, de se protéger d’éléments potentiellement dangereux, de se reproduire ou encore d’échanger avec leurs congénères.

Ces capacités d’expression émotionnelles font ainsi partie intégrantes des systèmes de communication propres à chaque espèce et il arrive souvent que l’organisation et la régulation de la vie sociale passe par la ritualisation de certaines d’entre elles (prises de contact, coopération, réconciliation, gestion de l’agressivité et de la sexualité, …).

Car sans émotion, pas de communication, et sans communication, pas de société !

La question des émotions dites secondaires, telles que le deuil, la jalousie, la vengeance, la haine, fait par contre nettement moins consensus car ces dernières font intervenir les capacités cognitives des individus et implique une capacité de construction et de représentation mentale encore peu prouvée dans le règne animal.

La Jalousie et la Vengeance, des émotions secondaires

La dimension intentionnelle des émotions secondaires

Avant d’ouvrir un éventuel débat sur ces émotions que le Chat peut ou ne peut pas ressentir, attardons-nous instant sur leur définition (du Larousse) afin de bien nous comprendre :

· Jalousie : sentiment fondé sur le désir de posséder la personne aimée et sur la crainte de la perdre au profit d’un rival

· Vengeance : se dédommager d’un affront, d’un préjudice en en punissant l’auteur

A la lecture de ces définitions, il apparaît évident que derrière ces deux émotions se cache une projection intentionnelle :

· le désir de possession et l’évincement d’un rival possible pour la jalousie,

· la désignation d’un coupable et l’élaboration de représailles destinées à le toucher moralement afin qu’il ne recommence pas dans le cas de la vengeance

Or, en matière « d’intentionnalité » animale, force est d’accepter de reconnaitre que nos connaissances actuelles ne sont qu’encore que très empiriques. A ce jour, un comportement analogue à la rancune n’a pu être démontré que chez nos proches cousins les Chimpanzés par le primatologue et éthologue Frans de Waal (La dernière étreinte, le monde fabuleux des émotions animales).

Comprendre les comportements du Chat grâce au Canon de Morgan

En l’absence de preuves scientifiques et éthologiques avérées, mieux vaut donc essayer d’analyser les comportements animaux à la lumière du Canon de Morgan. Ce principe de rigueur scientifique, énoncé par Lloyd Morgan en 1894, permet en effet d’éviter le biais de l’anthropomorphisme (qui consiste à attribuer des émotions ou intentions humaines à un animal) et donc à fausser notre jugement de la situation :

Nous ne devons en aucun cas interpréter une action animale comme relevant de l’exercice de facultés de hauts niveaux, si celle-ci peut être interprétée comme relevant de l’exercice de facultés de niveau inférieur. 

Cela signifie donc que l’explication la plus probable quant au comportement de notre Chat est souvent celle apparaît comme étant la plus simple.

Prenons quelques exemples :

· Vengeance ou stratégie anti-stress ?

Vous revenez chez vous après une absence plus longue que d’habitude et votre Chat adopte à votre encontre une posture de réserve marquée, voire d’hostilité en lieu et place des câlins débordants auxquels vous vous attendiez.

clip_image006Vous allez probablement ressentir du désappointement et penser que votre Chat vous tient rigueur de votre absence prolongée et vous boude pour vous punir alors qu’il importe de revenir en premier lieu aux spécificités comportementales du Chat.

Vous le savez, le Chat est attaché à ses routines et sensible à toute modification de son environnement physique et social, il n’apprécie guère les changements brutaux et il a donc besoin de temps pour les accepter.

Lorsque vous rentrez après avoir « déserté » votre logement quelques jours, votre Chat, qui a déjà dû s’adapter à votre absence, a besoin d’un peu de temps pour vous « réintégrer » dans son environnement et cette distance qu’il vous impose, perçue à tort comme de l’indifférence voire même du dédain, n’est finalement qu’une stratégie anti-stress pour digérer au mieux les bouleversements du quotidien que vous lui imposez.

En votre absence, il n’est pas exclu que votre Chat ai également traversé un petit moment de déprime due à sa soudaine solitude, ce qui a pu l’amener à uriner ou déféquer dans des lieux inhabituels, choisis pour leurs capacités à l’apaiser, comme votre lit où perdure votre odeur par exemple.

Enfin, il a également pu se livrer à ce que vous considérez comme des destructions mais qui ne sont pour lui qu’une manière de s’occuper et de passer le temps si d’aventure votre intérieur ne dispose pas de possibilités suffisantes pour se divertir …

clip_image008Par ailleurs, s’il vous arrive de gronder votre Chat et que ce dernier vous boude en retour, il ne s’agit aucunement d’une rancœur quelconque. Le Chat est complètement hermétique à la notion de punition car il n’agit que pour répondre à ses besoins naturels et instinctifs.

Lorsque vous le grondez, il ne comprend donc pas votre réaction qu’il prend pour une agression et vous associe alors à une émotion négative.

Il aura ainsi tendance à se méfier de vous jusqu’à ce que sa mémoire à court terme perde trace de votre altercation, au bout de 16 heures environ.

· Jalousie ou protection de ressources ?

Les félins sont attachés à leur domaine vital, au sein duquel ils trouvent toutes les ressources nécessaires à la satisfaction de leurs besoins vitaux. Ils y apposent d’ailleurs des marques de griffes, urinent, défèquent pour y laissent leur odeur et informer de leur présence les animaux voisins.

clip_image010Lorsqu’un nouveau congénère arrive dans ce domaine vital (l’appartement, la maison, le jardin…), l’accès aux ressources est potentiellement menacé. Votre Chat peut alors montrer des signes d’agressivité qui ne traduisent que sa motivation à protéger ses acquis (gamelles, perchoirs, canapé, rayon de soleil …) mais qui sont encore trop souvent interprétés comme de la jalousie.

Dans le même ordre d’idée, lorsque votre composition familiale évolue, avec l’arrivée d’un nouveau conjoint ou d’un bébé, l’environnement social de votre Chat s’en trouve modifié.

Ce dernier va donc essayer d’apaiser l’anxiété que génère la modification de ses routines (nouvelles habitudes, nouveaux horaires, déplacement de la gamelle, moindre disponibilité du propriétaire, augmentation des nuisances sonores, disparition de son lieu de repos préféré … ) en développant de nouveaux comportements inappropriés et souvent excessifs.

Il peut ainsi :

· clip_image012montrer de l’agressivité à l’encontre du nouvel arrivant

· uriner dans ses affaires (chaussures, vêtements, lit) afin de masquer son odeur, qu’il associe au bouleversement qu’il vit, en la « recouvrant » de la sienne

· uriner sur vos affaires ou dans un endroit bien visible (cuisine, salle de bain) dans une tentative de communiquer avec vous pour vous manifester son mécontentement

· devenir envahissant et se mettre à vous suivre partout ou à miauler de façon lancinante pour attirer votre attention

· à l’inverse, s’isoler dans un coin voire même quitter le domicile

· montrer des signes d’apathie (dormir plus qu’à l’accoutumée, ne plus jouer, bouder ses repas)

Ce que d’aucun considère comme de la « jalousie » de la part du Chat correspond donc plutôt à l’expression d’un mal-être en réaction à l’altération de son quotidien.

Comprendre pour agir plutôt que d’étiqueter pour juger

Le Chat n’adopte un comportement que si celui-ci lui rapporte quelque chose. Il cherche toujours à répondre à ses besoins primaires et à obtenir ou protéger ses ressources. Ses émotions sont en conséquence toujours liées à des questions de survie et d’adaptation, elles ont toutes une utilité.

A la lumière de ce principe de base, aucun des comportements du Chat n’a donc pour origine, ne serait-ce qu’un tant soit peu, une réaction de jalousie ou de vengeance.

clip_image014Comprendre l’origine des comportements du Chat permet d’y apporter des solutions rapides et efficaces, alors que se limiter à les étiqueter comme des émotions secondaires humaines conduit souvent à l’énervement et rend bien plus difficile la recherche d’une réponse adaptée.

Le Chat est un animal très émotif, vite chamboulé par toute modification de son environnement ou de ses habitudes et c’est l’anxiété qui en résulte qui est le plus souvent à l’origine des comportements inappropriés observés : destruction par griffades, malpropreté, agressivité, toilettage exacerbé, refus du contact …

Il est donc relativement simple de remédier à ces derniers, en limitant voire en supprimant, les éventuels facteurs source de stress dans votre quotidien :

· en modifiant le moins possible l’environnement de vie du Chat

· en anticipant au mieux tout changement incontournable

· en maintenant les habitudes et rituels de votre Chat,

· en procédant à un échange d’odeurs préalables (en cas d’adoption d’un autre Chat ou d’arrivée d’un bébé)

· en appliquant des protocoles progressifs (de déménagement, de mise en relation, …) permettant à votre Chat de s’adapter au changement en douceur

Il est également essentiel d’enrichir le milieu de vie du Chat, notamment lorsque celui-ci n’a que peu (ou pas) accès à l’extérieur pour éviter l’ennui et la solitude, également source d’anxiété, lorsque le Chat se retrouve seul.

Pour découvrir comment enrichir votre intérieur et répondre aux besoins instinctifs de votre Chat, tant physiologiques que comportementaux, je vous invite à lire mon article « L’Enrichissement du milieu : l’assurance d’un Chat bien dans ses pattes ».

D’une manière générale, plus un Chat sera heureux et épanoui dans son quotidien, moins il se sentira « menacé » par les changements que vous lui imposerez.

L’âge est également un facteur important et à toutes choses égales par ailleurs, un chaton sera la plupart du temps plus malléable et s’adaptera plus facilement qu’un individu âgé.

Enfin, il ne sert à rien de punir votre Chat lorsque ce dernier se trouve dans en état d’anxiété, cela ne fera qu’aggraver son mal-être et amplifiera son comportement inapproprié.

Il vous appartient plutôt de prendre conscience de votre responsabilité dans cette situation et de mettre en place des solutions pour remédier rapidement au problème rencontré.

S’ouvrir à la communication animale

Personne ne sait ce qui se passe dans la tête d’un Chat, inutile donc d’essayer de l’imaginer … Il est plus intéressant de tenter de comprendre ce qui motive l’animal à exprimer et à répéter certains de ses comportements afin de pouvoir y remédier lorsque nous jugeons ces derniers inappropriés.

Nous l’avons vu, l’Homme partage avec les animaux la capacité à ressentir des émotions positives comme négatives. Et, malgré l’absence d’un langage articulé, ils sont pleinement capables de les transmettre, au moyen de codes non verbaux. Toutes les espèces vivantes, y compris les crustacés, les insectes ou les pieuvres, communiquent ainsi en utilisant des odeurs, des gestes, des postures, des hormones, le contact, le regard et les sons.

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Malheureusement, malgré cette « supériorité » que nous confère le langage, nous sommes pour la plupart incapables de comprendre la signification de tous ces signaux.

Le monde qui nous environne vibre en permanence de messages et d’appels animaux auxquels nous sommes devenus complètement sourds.

Il est donc grand temps de nous ouvrir à nouveau à la communication animale et d’apprendre le langage du Chat, afin d’être en capacité de percevoir son état émotionnel du moment pour en tenir compte et y répondre au mieux au besoin.

Pour cela, je vous invite à lire mon article « Comment décoder le langage du Chat ? ».

Expressions faciales, vocalises, positions de sa queue et postures font toute la subtilité de la communication émotionnelle du Chat et c’est dans la compréhension de cette dernière que réside le secret d’une relation complice et durable.

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clip_image020Le fait de prêter aux animaux en général et au Chat en particulier des réactions, des sentiments, des raisonnements ou des actes considérés comme propres à l’Homme est une pratique aujourd’hui assez répandue en Occident.

La plupart du temps, ces projections anthropomorphiques partent d’un bon sentiment, mais en façonnant l’animal à notre image et en ne respectant pas sa véritable nature, elles conduisent souvent à interpréter  de façon erronée le comportement d’un animal et à perturber notre cohabitation avec lui.

Cette mauvaise interprétation des comportements animaux nuit en effet grandement à leur résolution, puisqu’elle oriente la plupart du temps les actions posées dans une mauvaise direction et les rend donc totalement inadaptées et inefficace.

Il est donc essentiel d’apprendre à connaître et à comprendre votre Chat afin de pouvoir communiquer pleinement avec lui et créer des liens émotionnels forts et profonds.

Je peux vous aider à mieux connaître votre Chat et à apprendre à décrypter sa communication non verbale. On s’appelle pour en parler ?

CHATleureusement Vôtre !

Hélène

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