Souvent considéré comme indépendant et indiscipliné, le Chat est rarement éduqué par ses propriétaires qui se retrouvent parfois confrontés à des comportements gênants ou à des « bêtises ».

Et face à ses derniers, le recours à la punition est encore fréquent pour les faire cesser, ce qui provoque la plupart du temps crainte et incompréhension chez le Chat qui, lui, ne cherche qu’à exprimer ses besoins instinctifs …

Or il existe une autre méthode d’apprentissage pour inculquer au Chat les quelques règles de vie qui nous tiennent à cœur et modifier, au besoin, un éventuel comportement inapproprié : l’éducation positive, encore souvent associée à la seule parentalité, mais de plus en plus utilisée auprès des animaux de compagnie.

Mon paCHAT & Moi ! a donc décidé de vous expliquer pourquoi le Chat ne comprend pas la notion de « bêtise » ni celle de punition et de vous présenter cette technique d’apprentissage efficace et incontournable qu’est l’éducation positive pour vous aider à faire disparaître certains comportements indésirables de votre Chat sans pour autant nuire à la qualité de votre relation.

Comprendre l’origine d’un comportement chez le Chat

Une bêtise ? Quelle bêtise ?

Chez le Chat, chaque comportement est une réponse à un besoin spécifique qu’il tente de satisfaire en fonction des possibilités offertes par son environnement de vie.

Les comportements du Chat peuvent être de deux natures différentes :

• ils correspondent à l’expression de besoins instinctifs indispensables à son équilibre émotionnel et à son bien-être (grimper, griffer, chasser, …)

• ils traduisent un stress du Chat qui se trouve confronté à une situation qu’il ne comprend pas et à laquelle il chercher à s’adapter, à sa façon (élimination hors litière, attaque de prédation, destructions, …)

Cela signifie que le Chat n’opte jamais pour un comportement dans l’objectif de nous agacer ou de nous nuire. La vengeance et la jalousie, dont on l’accuse encore trop souvent à tort, ne font en effet pas partie de son répertoire comportemental.

Monter sur la table, griffer nos meubles, jouer avec le fil de notre téléphone ou uriner sur le tapis de la salle de bain ne peut donc pas être qualifié de bêtise en tant que telle. Si l’environnement de vie que nous lui proposons n’est pas adapté à l’expression de ses besoins ou qu’il est de nature à les tresser, le Chat se débrouillera seul pour trouver une solution, sa solution, à la situation … et peu importe si cette dernière ne nous convient pas !

Il est aussi possible que le Chat répète un comportement spécifique dans le seul but d’attirer notre attention, parce que cela fonctionne ! Même si l’interaction n’est pas positive pour lui, lorsque nous le chassons de la table à manger sur laquelle nous ne souhaitons pas qu’il monte ou lui crions dessus à 2 heures de matin parce qu’il nous chante la sérénade par exemple, il recommencera tant que nous lui accorderons l’intérêt qu’il recherche …

Les notions du bien et du mal

Le Chat n’a aucune notion du bien et du mal, valeurs morales inventées par l’Homme et intimement liées à la culture et à l’éducation… Il ne fait qu’interagir avec son environnement pour répondre à ses instincts et satisfaire ses besoins !

Il ne peut comprendre pourquoi déterrer nos plantes, miauler toute la nuit ou nous tendre des embuscades nous met dans un tel état d’énervement puisqu’il agit juste comme son instinct lui intime de le faire. Il est par ailleurs incapable de faire le lien entre nos réprimandes et son comportement lorsque ce dernier date de plusieurs heures …

Si notre Chat s’enfuit à notre approche ou se recroqueville sur lui-même quand nous haussons le ton lorsque nous découvrons l’un de ses forfaits, ce n’est donc pas parce qu’il ressent de la culpabilité, comme nous aimons le croire pour conforter notre idée que le Chat comprend nos interdits.

Tout ce qu’il exprime dans de telles circonstances n’est rien d’autre que le langage corporel de la peur, face à notre réaction et à une éventuelle punition, qui peut déboucher sur de l’évitement voire de l’agressivité.

La punition : un concept humain inefficace et contre-productif chez le Chat

Punition positive versus négative

Toute punition a pour objectif premier de réduire l’apparition d’un comportement dérangeant et a une connotation désagréable pour celui qui la subit.

Il en existe deux catégories, la punition négative et la punition positive :

· la punition positive consiste à ajouter un désagrément pour diminuer la fréquence d’apparition du comportement cible : pichenette sur le nez, tape sur les fesses, cris, pschitt d’eau, répulsif, …

· la punition négative consiste à retirer un agrément pour diminuer la fréquence d’apparition du comportement cible : suppression de la gourmandise du soir, isolement

La punition peut donner une illusion d’efficacité en stoppant un comportement pendant un certain laps de temps mais il est essentiel de comprendre qu’elle ne le supprimera jamais totalement et le comportement finira par réapparaître avec la même intensité.

Les caractéristiques d’une punition efficace

Pour être efficace, une punition doit être concomitante à la bêtise, indirecte et systématique :

· concomitante : la punition doit être donnée au moment même où le Chat commet sa « bêtise » afin qu’il l’associe à son comportement. Si la punition intervient a posteriori, il ne comprendra absolument pas ce que nous lui reprochons

· indirecte : si nous punissons notre Chat d’une tape sur le museau ou sur les fesses, il nous associera au désagrément de la punition, ce qui sera dommageable à la qualité de notre relation car il risque d’avoir peur de nous et de ne plus nous accorder sa confiance. Notre main ne doit servir qu’aux caresses et autres interactions positives avec notre Chat. Lorsque nous souhaitons punir notre Chat il nous faut trouver une autre manière de faire, comme frapper dans nos mains ou contre un meuble afin de faire un bruit désagréable que le Chat associera à son comportement et qui ne lui donnera pas envie de recommencer …

· systématique : pour éduquer un Chat, la punition doit être systématique à chaque expression du comportement gênant car si le Chat n’est pas puni à chaque fois qu’il l’exprime (en notre absence par exemple), il y perdra rapidement son latin et ne comprendra absolument ce que nous voulons lui apprendre …

Nul besoin d’épiloguer, ces 3 caractéristiques indispensables pour qu’une punition soit efficace sont quasiment impossible à respecter, ce qui démontre que l’écrasante majorité des punitions est totalement inefficace et qu’il vaut mieux oublier sans délai ces pratiques d’un autre âge ….

Les risques de l’usage de la punition

Le Chat est un animal très émotif, qui peut développer différents troubles du comportement en réaction au stress. Or une punition, la plupart du temps incompréhensible pour le Chat, ne fait qu’augmenter son niveau de stress et conduit la plupart du temps à des réactions de peur, d’évitement et d’agression.

La punition, en plus d’être inefficace, conduit ainsi souvent au renforcement du comportement dérangeant, elle est parfaitement contre-productive !

Notre Chat apprend juste à repérer chez nous l’état émotionnel qui annonce la réprimande et à se méfier de nous (en descendant de la table par exemple, non pas parce qu’il aura compris que c’est interdit mais juste parce qu’il aura peur de nous et s’éloignera pour rester hors de portée), tout en continuant à exprimer son comportement, parfaitement justifié pour lui, en notre absence.

Qu’est-ce que l’éducation positive ?

Le principe de l’éducation positive

L’éducation positive est une approche relativement récente de la relation à l’animal axée sur la compréhension de ses besoins instinctifs, leur respect, la tolérance et la douceur.

Elle impose de se décentrer pour ne plus analyser les comportements du Chat seulement comme une tentative d’interaction avec nous et de se mettre dans la tête du Chat qui cherche avant tout la satisfaction d’un besoin et/ou le plaisir.

L’éducation positive se base ainsi principalement sur le renforcement des comportements que nous souhaitons encourager via la récompense (une parole douce et encourageante, une caresse, une séance de jeu partagée, un jouet stimulant ou une friandise alimentaire) et l’ignorance des comportements indésirables pour favoriser leur extinction, plutôt que de les considérer comme des bêtises et les sanctionner.

C’est ce que l’on appelle le renforcement positif !

Le Chat, en parfait hédoniste, est en effet parfaitement capable de repérer rapidement les comportements qui lui rapportent quelque chose de positif (une friandise par exemple) et ceux qui, simplement ignorés par son propriétaire sans aucun recours à la punition, ne lui rapportent rien.

L’objectif est donc d’encourager la coopération de son animal en le motivant et non pas de se faire respecter sous la contrainte, par la violence ou la peur.

Cette méthode peut prendre du temps, mais elle est réellement efficace sur le long terme.

Utilisée avec constance et patience, l’éducation positive permet ainsi de faire disparaître la plupart des comportements du Chat que nous considérons comme inappropriés avec notre regard, nos habitudes et nos règles d’humains tout en renforçant notre relation grâce au développement de la confiance et de la complicité.

L’éducation positive : une démarche en 3 étapes

· Connaître les besoins du Chat et comprendre ses comportements

Lorsque l’on adopte un Chat, il faut accepter l’idée que ce dernier a des besoins qui lui sont propres et qu’il est donc nécessaire de les connaître a minima pour organiser son quotidien et aménager son intérieur afin d’y répondre convenablement.

Et lorsqu’un comportement nous surprend, nous agace ou nous dérange vraiment, il est indispensable de chercher au préalable à le comprendre avant de vouloir le modifier.

Malheureusement, le Chat ne parle pas notre langue et il faut donc prendre le temps de l’observer et de vérifier si ses besoins peuvent être satisfaits par ailleurs avant de tirer la moindre conclusion.

Ce travail d’enquête et d’analyse peut parfois prendre un certain temps car plusieurs facteurs peuvent aussi se combiner, comme par exemple l’odeur et la texture de ce nouveau canapé qui attire tant notre chenapan préféré !

· Adapter et/ou enrichir l’environnement du Chat

Une fois que le « pourquoi » du comportement est identifié, il convient de rechercher une alternative plus attractive permettant de réorienter le comportement du Chat.

Dans un premier temps, il est important d’assumer nos propres responsabilités et de pas laisser traîner tout ce qui peut l’attirer, comme notre linge sale ou nos chaussures dans lesquels il lui arrive d’uriner ou la vaisselle sale qu’il aime tant lécher.

En cas d’élimination hors litière, il est également essentiel de vérifier la qualité de l’environnement litière que nous proposons à notre Chat.

Par ailleurs, si notre Chat adopte la table à manger comme un perchoir stratégique ou aime griffer le canapé qui se situe sur une de ses voies de passage, il peut intéressant d’adapter simplement notre intérieur en déplacement, par exemple, l’arbre à Chat pour le positionner juste à côté de ce poste d’observation tant convoité ou du canapé.

En y déposant régulièrement quelques friandises, ce dernier deviendra rapidement bien plus attractif que la table à manger ou le canapé.

Si par contre, nous ne disposons pas dans notre logement d’alternative à proposer à notre Chat, il conviendra d’enrichir son milieu de vie en achetant quelques accessoires complémentaires permettant la réorientation du comportement posant problème : perchoirs en hauteur, cachettes, lieux de repos douillets, litières en nombre suffisant, jouets animés, distributeurs mobiles de croquettes …

· Renforcer les comportements souhaités

Une fois le problème identifié et l’alternative choisis, le moment est venu de faire comprendre à notre Chat que cette dernière est nettement plus intéressante pour lui et qu’il est dans son intérêt de la privilégier.

Pour cela, il suffit de le récompenser à chaque fois qu’il exprime le comportement alternatif que l’on attend de lui (s’installer dans son arbre à chat, utiliser ses griffoirs, jouer avec son distributeur de croquettes, utiliser sa litière, …).

Attention toutefois, le Chat doit recevoir sa récompense dans les secondes qui suivent son bon comportement pour être efficace et permettre l’association comportement = récompense dans son esprit.

Par ailleurs, en cas d’utilisation d’une récompense alimentaire, cette dernière doit être spéciale et seulement utilisée pour récompenser notre Chat afin qu’elle reste unique et surtout, motivante !

En parallèle, il est nécessaire d’ignorer strictement notre Chat à chaque fois qu’il exprimera son comportement gênant, sans engager aucune interaction avec lui (ni regard, ni parole, ni contact).

En récompensant systématiquement les comportements qui nous conviennent et en ignorant superbement les autres (en allant au besoin se détendre devant les « bêtises » de Simon’s Cat !), notre Chat comprendra vite où est son intérêt et prendra plaisir à exprimer spontanément les comportements que nous recherchons pour obtenir une friandise ou une caresse.

Et lorsque que ces derniers seront parfaitement installés, nous pourrons envisager de réduire le recours à la récompense en ne l’utilisant plus qu’aléatoirement.

Utilisée avec constance, patience et répétition, l’éducation positive donne d’excellents résultats chez le Chat !

L’éducation positive n’est pas naturelle ! Nous avons (presque) tous appris que s’il convient de corriger les comportements inappropriés, les comportements congruents, relevant de la normalité, ne méritent pas d’être félicités.

Or le Chat est un animal hédoniste, en recherche permanente de bien-être et de plaisir. Il comprend donc très rapidement ce qui est payant pour lui (le bon comportement = une friandise) et rapprend à le renouveler.

Il est ainsi très intéressant d’exploiter cette particularité du Chat pour l’éduquer, au besoin, en douceur et sans punition, tout en conservant une belle relation de confiance et de complicité avec lui.

C’est dans cette approche de l’éducation positive que s’inscrit ma pratique de comportementaliste félin et je peux vous conseiller pour qu’elle devienne également votre pratique quotidienne avec votre Chat.

On s’appelle pour en parler ?

CHATleureusement Vôtre !

Hélène