A première vue, sa réputation d’animal solitaire et indépendant semble protéger le Chat de tout risque de dépendance affective …

Et pourtant, de récentes études confortent l’existence d’un attachement entre le Chat et son référent humain et la possibilité de troubles comportementaux liés à la séparation .

Mais il n’est pas toujours facile d’en accepter l’idée.

Car quoi de plus plaisant qu’un Chat pot de colle, qui nous suit partout, se couche sur nos genoux à la moindre occasion et partage jusqu’à nos songes les plus profonds ?

Tous les Chats affectueux ne souffrent bien entendu pas de dépendance affective mais il est important de rester vigilant et de ne pas encourager par nos comportements l’installation d’une telle dépendance, réelle source de mal-être aussi néfaste pour le Chat que pour son propriétaire.

Mon paCHAT & Moi ! vous explique comment s’exprime ce trouble affectif, quelles en sont les origines possibles et comment agir pour le prévenir au besoin.

La dépendance affective : comment la repérer ?

Il n’est pas toujours facile, de prime abord, de différencier chez le Chat un caractère très affectueux d’un attachement excessif.

Ce qu’il faut retenir, c’est que la dépendance affective se traduit avant tout par un besoin constant du Chat d’être en présence de son maître, il ne supporte pas de ne pas avoir de contact physique ou visuel avec lui, et donc de ne pas être dans la même pièce que lui.

Certes, chaque Chat possède son tempérament propre et son histoire de vie dont découlent sa stabilité émotionnelle, ses capacités d’adaptation et ses réactions. Une dépendance affective peut donc s’exprimer de différentes façons chez le Chat mais certains symptômes restent néanmoins assez fréquents et constituent d’intéressants points de vigilance à surveiller :

En présence de son propriétaire

• Recherche systématique de contact physique ou, à défaut, visuel pour se rassurer : le Chat suit son propriétaire dans toute la maison et surveille toutes ses activités, se frotte à ses jambes constamment, se couche sur ses genoux, son ventre ou ses épaules à la moindre occasion
• Recherche permanente d’attention : le Chat miaule dès que le contact physique ou visuel avec son propriétaire est rompu, lorsque ce dernier ferme une porte derrière lui par exemple
• Réveils nocturnes quotidiens pour combler ses importants besoins affectifs notamment
• Absence d’autonomie : le Chat n’explore pas son environnement de manière indépendante et n’’interagit pas avec des personnes autres que son propriétaire

En l’absence de son propriétaire

• Anxiété excessive face aux signes annonciateurs du départ de son propriétaire : le Chat s’excite ou, au contraire, se montre distant voire se cache, il montre des signes d’agressivité, il adopte de comportements inhabituels
• Destructions variées et potentiellement nombreuses lorsque le Chat se retrouve seul dans le logement, par griffades notamment
• Eliminations hors bac : le Chat urine sur les chaussures de son propriétaire, sur son lit, devant la porte d’entrée …
• Hyper-toilettage : le Chat se lèche excessivement pour se rassurer, évacuer son anxiété et s’apaiser, au risque de provoquer des pertes de poils, des irritations et des lésions pouvant aller jusqu’à l’automutilation
• Etat dépressif : le Chat peut aussi développer des comportements en inhibition (réduction de ses activités motrices, prostration, hypo-toilettage, anorexie)

Lorsque le Chat adopte un ou plusieurs de ces comportements en l’absence de son propriétaire, on parle d’anxiété de séparation.

La dépendance affective génère un réel mal-être chez le Chat. Il lèse autant ce dernier, dont les capacités d’adaptation sont limitées et qui souffre d’anxiété de séparation, que son propriétaire, qui vit avec un animal envahissant et pouvant présenter des comportements perturbés.

La dépendance affective : quelles sont ses origines possibles ?

Les études sur la dépendance affective chez le Chat sont encore peu nombreuses mais 3 origines principales semblent envisageables :

Un sevrage trop précoce

Les Chats souffrants de dépendance affective vis-à-vis de leur propriétaire présentent souvent comme point commun le fait d’avoir été sevrés trop précocement de leur maman Chat.

Le sevrage correspond en effet à l’un des moments les plus importants dans la vie d’un Chat et se compose de 2 étapes tout aussi déterminantes l’une que l’autre.

Il débute par le sevrage alimentaire, qui correspond au passage de l’alimentation liquide à l’alimentation solide et intervient au cours du 2^nd mois de vie du Chaton.

A partir de 2 mois, le Chaton devient autonome (alimentation, toilettage, élimination) après avoir appris par imitation de sa mère MAIS il a toujours besoin de la présence de cette dernière et de sa fratrie pour s’apaiser et parfaire ainsi dans de bonnes conditions ses nombreux apprentissages (communication féline et codes sociaux, gestion des émotions, rétractation des griffes et inhibition de la morsure)

Ce n’est qu’aux alentours de 12 semaines que la maman Chat commence à rejeter d’elle-même ses petits pour qu’ils deviennent autonomes, c’est ce que l’on appelle le sevrage affectif.

Après l’attachement indispensable à la survie, cette phase de détachement permet au Chaton d’aller au bout de son développement émotionnel et améliore ses capacités d’adaptation ultérieures.

Le Chaton bien détaché par sa maman Chat trouve ainsi la plupart du temps un nouvel équilibre dans une organisation territoriale apaisante et peut s’investir sainement dans la relation avec son nouveau propriétaire alors qu’un Chaton sevré trop précocement présente un risque plus élevé de développer un comportement perturbé comme une dépendance affective (mais aussi de l’hyperactivité, des destructions, de l’agressivité, des éliminations hors bac, de l’anxiété, des difficultés de cohabitation ….).

Un renforcement négatif inconscient

Un Chat souffrant de dépendance affective développe de l’anxiété à chaque séparation d’avec son propriétaire. Or, la plupart du temps, ce dernier renforce, bien inconsciemment et involontairement, cette angoisse de la séparation en ritualisant à l’excès ses départs pour se rassurer lui-même (dire systématiquement au revoir à son Chat, le câliner plus que de coutume, adopter une tonalité orale spécifique), ce qui le conduit à « contaminer » émotionnellement son Chat.

Ce type de ritualisation est donc très néfaste pour le Chat, qui devient inquiet par anticipation à la seule perspective de rester seul un moment.

Dans le même ordre d’idée, il est totalement contre-productif de gronder son Chat en rentrant chez soi lorsque ce dernier s’est livré à des destructions ou des éliminations hors bac. Le Chat est incapable de faire le lien entre une punition et l’un de ses comportements si ce dernier remonte à ne serait-ce que quelques minutes.

Une punition, quelle qu’elle soit, ne fera donc qu’exacerber son sentiment de stress et d’anxiété mais tout comportement inverse, comme un surplus d’attention et d’affection, aura également les mêmes répercussions.

Un accident de parcours

Le risque de dépendance affective semble particulièrement marqué chez les Chatons orphelins ou abandonnés, récupérés très jeunes et biberonnés par l’Homme qui, s’il peut se substituer à la maman Chat sur le plan alimentaire, rencontre plus de difficulté sur le plan éducatif et peine souvent à marquer suffisamment cette étape de rejet indispensable à la stabilité affective et à l’autonomie future du Chaton.

Par ailleurs, il peut arriver qu’un Chat normalement câlin bascule vers la dépendance affective suite à une situation traumatisante (maltraitance, abandon, changement de référents humains…).

La dépendance affective : comment la prévenir ?

Quel que soit l’âge de votre Chat, l’objectif est de développer une relation équilibrée avec lui et de lui offrir des moments de vie en autonomie.

Détacher votre Chaton

Si votre Chaton est encore jeune, et quel qu’ait été son parcours de vie, il importe de ne pas le surprotéger exagérément et de le laisser explorer son environnement de manière libre et indépendante, afin qu’il gagne en confiance et en assurance, afin de ne pas préparer le terrain à la dépendance affective.

Il convient également d’éviter de le solliciter en permanence (aussi difficile cela soit il) pour lui laisser aussi, régulièrement, l’initiative de vos interactions.

Il est par ailleurs essentiel de l’habituer progressivement à votre absence, en lui proposant en parallèle un environnement enrichi et stimulant pour qu’il apprenne à s’occuper seul (arbre à chat, vues sur l’extérieur, perchoirs, cachettes, griffoirs, jouets interactifs, gamelles ludiques  …).

S’il a moins de 2 mois, il est enfin possible d’améliorer la qualité de sa socialisation, gage d’un meilleur équilibre émotionnel, en lui faisant notamment rencontrer, dans un contexte positif et rassurant, un maximum de profils humains différents.

Détacher votre Chat adulte

Si vous pensez que votre Chat adulte souffre déjà de dépendance affective, l’objectif est prioritairement d’éviter de la renforcer. Il est ainsi notamment recommandé de ne pas toujours répondre immédiatement à toutes ses demandes d’attention et d’enrichir suffisamment son milieu de vie, pour lui permettre de jouer et d’éviter l’ennui.

Vos départs du domicile doivent également devenir des événements anodins. Il convient donc de les banaliser en évitant de dire au revoir à votre Chat (même par une simple caresse ou quelques mots) et de partir sans autre formalité, en ayant toutefois pris soin d’occuper votre Chat, en lui proposant son jouet préféré ou une ration alimentaire.

A votre retour, vaquez à vos occupations quelques instants (pour éviter de créer un nouveau rituel de dépendance) puis célébrez tranquillement vos retrouvailles en proposant à votre Chat une séance de jeu ou en lui offrant une friandise / une ration humide appétente.

La méthode des faux départs

Pour vous aider à dédramatiser vos départs, vous pouvez utiliser la méthode des « faux départs » (valable quel que soit l’âge de votre Chat).

Pour commencer, essayez de modifier l’enchainement de toutes ces petites actions que vous répétez de façon réflexe mais qui, pour votre Chat, annoncent votre départ sans aucun doute possible.

Puis décomposez votre départ pour désensibiliser progressivement votre Chat à chacune des étapes suivantes :

• préparez-vous à partir (mettez vos chaussures, votre manteau, prenez vos clés) puis remettez tout en place (sans avoir ouvert ni franchi votre porte)
• préparez-vous à partir, ouvrez la porte d’entrée puis refermez-la sans la franchir avant de vous défaire et de reprendre le cours de vos activités
• préparez-vous à partir, sortez de chez vous, fermez la porte quelques secondes puis revenez
• Allongez progressivement le temps passé derrière la porte avant de revenir

Ne passez à l’étape suivante de votre protocole que lorsque votre Chat ne réagit plus du tout à l’étape que vous êtes en train de travailler.

Vous rêvez peut-être d’une relation intense et fusionnelle avec votre Chat.

Mais si la dépendance affective s’invite dans votre quotidien, la situation peut vite devenir difficile à gérer.

Votre Chat sera le premier à en pâtir, et il est donc nécessaire de prévenir et de limiter ce trouble de l’attachement au plus tôt.

N’hésitez donc jamais à faire appel à un comportementaliste félin qui vous aidera à établir le plan d’actions adapté pour améliorer la qualité de votre vie partagée.

CHATleureusement Vôtre !

Hélène