L’alimentation du Chat, souvent sujet à controverse, fait encore aujourd’hui l’objet de débats passionnés.

Car parmi l’offre pléthorique existante désormais, de la pâtée de supermarché à la croquette premium vendue par les vétérinaires, en passant par la ration ménagère et le cru, il est parfois difficile de s’y retrouver et de faire son choix pour concilier respect du régime alimentaire du Chat, facilité d’approvisionnement, maîtrise du budget, distribution ad libitum, éventuelles exigences thérapeutiques …

Et ce d’autant plus que l’alimentation, à la base du bien-être et de la santé du Chat, n’est pas à négliger et doit tenir compte de l’âge de ce dernier, de sa morphologie, de son mode de vie, de son état de santé voire même parfois de sa race !

Alors cette semaine, l’ABCdaire du PaChat se lance le difficile défi de vous éclairer sur les différents critères à prendre en compte pour sélectionner un type d’alimentation pour votre Chat et vous permettre de faire votre choix en toute connaissance de cause !

Le comportement alimentaire du Chat : 2 caractéristiques essentielles à respecter

Un régime alimentaire strict

Le Chat est par nature un animal carnivore, c’est à dire que son métabolisme est adapté à un régime riche en protéines et faible en glucides et qu’il se nourrit donc majoritairement de chair animale.

Son système digestif est particulièrement adapté à ce régime alimentaire et présente un tube digestif relativement court, adapté à une prise alimentaire fractionnée composée de proies de petite taille. Son transit est rapide et se concentre sur une activité protéolytique, c’est à dire sur la fragmentation des protéines en leurs éléments constitutifs.

Car ce sont les protéines qui permettent notamment au Chat de produire l’énergie dont il a besoin chaque jour. Comme le Chat ne sait pas les économiser lorsqu’elles se font rares, une alimentation carencée en protéines peut devenir la cause de nombreux troubles comme le surpoids, les calculs urinaires, ou encore le diabète.

Pour ces raisons physiologiques, le Chat de compagnie continue de choisir préférentiellement des aliments riches en protéines, même s’il ne consomme plus très fréquemment des proies qu’il aurait lui-même chassées …

Une prise alimentaire fractionnée

Au-delà de sa physiologie, le Chat présente également une spécificité alimentaire de nature comportementale. Ainsi, le Chat est un grignoteur de compétition avec une prise alimentaire quotidienne fractionnée pouvant s’étaler jusqu’à 15 à 20 repas par jour.

Ce comportement est intimement lié à son activité naturelle de prédation, au cours de laquelle il attrape tout au long de la journée (et de la nuit !) de nombreuses petites proies peu énergétiques.

Pour satisfaire le comportement de grignotage du Chat, il est donc essentiel de laisser sa ration journalière disponible ad libitum, afin de ne pas générer de manque ni d’anxiété, à l’origine de troubles comme l’agressivité par prédation.

Les différents types d’alimentation du Chat

Les différents types d’alimentation du Chat peuvent se répartir en 3 grandes catégories, l’alimentation industrielle, l’alimentation ménagère et le cru.

L’alimentation industrielle

L’alimentation industrielle, rapide à préparer et facile à conserver, est largement répandue à l’heure actuelle compte tenu de son adéquation à notre mode de vie actif et principalement urbain. 50% des Chats de compagnie sont ainsi désormais nourris à base de croquettes.

Pâtée ou croquettes ?

Chacun de ces 2 types d’aliments comporte des avantages et des inconvénients, en termes de commodité, de prix de revient et d’équilibre alimentaire.

Les croquettes présentent une grande praticité d’utilisation en répondant au besoin naturel du Chat de disposer d’une alimentation disponible en libre-service sans poser de problème de conservation. Par ailleurs, elles coûtent souvent moins cher que les aliments humides de qualité comparable. Enfin, les croquettes stimulent la mastication et favorise une bonne hygiène bucco-dentaire en limitant la formation de tartre

Les pâtées, en boîte ou sous forme de sachets fraicheur, présentent a contrario l’intérêt d’être plus riche en eau et de permettre ainsi une meilleure hydratation du Chat, indispensable pour limiter les affections du bas appareil urinaire (calculs, infections). Elles sont par ailleurs relativement pauvres en glucides et se rapprochent ainsi plus du régime alimentaire « naturel » du Chat.

Pâtée et croquettes apparaissent donc comme complémentaires, c’est pourquoi une alimentation mixte est désormais plutôt recommandée.

Les snacks et autres friandises

Antitartre et antistress, diététiques et récréatifs… les snacks et autres friandises ont envahi ces dernières années les rayons ­d’aliments pour chats. Mais s’agit –il d’un simple effet de mode et d’une niche commerciale juteuse ou présentent-ils un réel intérêt alimentaire et nutritionnel ?

Compte tenu de leurs saveurs souvent irrésistibles, de nature à entraîner un comportement addictif chez le Chat, il est recommandé de limiter leur usage et de les réserver à une distribution sous forme de récompense, pour encourager les bons comportements que vous souhaitez voir se développer chez votre Chat.

Aliments standards versus premium

On appelle standards les aliments disponibles en grandes surfaces non spécialisées comme les hypermarchés et en règle général peu spécifiques, c’est-à-dire qui ne tiennent compte ni de l’âge du Chat ni de ses besoins particuliers.

Souvent fabriquées à partir de morceaux d’animaux non comestibles par l’Homme, leur taux de glucides est très élevé.

D’un prix abordable, ils présentent enfin souvent une composition plus riche en céréales et en éléments gras et de ce fait correspondent à une alimentation de moindre valeur nutritionnelle et peu digeste.

Les aliments premium sont eux vendus via des circuits spécialisés et sont segmentés par gammes spécifiques en fonction de l’âge (chaton / adulte / senior), du mode de vie (Chat d’intérieur ou d’extérieur), de l’état physiologique (stérilisé, en surpoids) ou même de la race du Chat (poils longs).

Ils sont réputés pour être d’une qualité supérieure aux aliments standards et présente donc un coût plus élevé mais leur digestibilité est meilleure et les quantités à distribuer pour satisfaire les besoins d’un chat sont moindres.

L’alimentation ménagère

Face aux croquettes et pâtées industrielles, certains propriétaires choisissent de nourrir leurs animaux avec des ingrédients frais pour limiter les additifs et conservateurs et éviter la destruction d’une partie des vitamines par la cuisson. C’est ce que l’on appelle l’alimentation ménagère dont le principal intérêt réside dans la qualité de la matière première carnée utilisée.

L’alimentation ménagère nécessite toutefois de respecter l’équilibre des rations (viande ou poisson, légumes vert, riz, huile végétale, compléments minéraux et vitaminés), afin de couvrir les besoins du chat en nutriments essentiels et elle reste donc assez difficile à préparer sans connaissances pointues en matière de nutrition et de diététique animale.

Elle nécessite également un investissement en temps et en argent plus conséquent et se caractérise par une durée de conservation relativement courte de la préparation.

Le cru : BARF et Raw feeding

Acronyme de biologically appropriate raw food (« nourriture crue biologiquement appropriée »), le BARF est un régime alimentaire qui se compose cinq éléments principaux : viande ou poisson, abats (cœur, foie, rognons…), « os charnus » (os dont la moitié au moins est recouverte de viande), légumes et huile (en faible quantité).

Il est possible d’adjoindre à ces derniers des fruits et des légumes réduits en purée, ainsi que des suppléments du type levure de bière, œufs, algues mais les ingrédients d’origine animale doivent représenter au moins 60 % de la gamelle.

A la différence de la ration ménagère, le BARF ne contient donc aucune source d’amidon.

Le Raw feading se compose lui uniquement de chair animale crue (viande et/ou poisson), d’os et d’abats et vise à reconstituer une proie entière à partir de différents morceaux de viande.

Cette alimentation doit être la moins découpée possible, pour inciter l’animal à déchiqueter sa nourriture comme il le ferait dans la nature.

Ce mode d’alimentation naturelle présente toutefois quelques risques sanitaires si la chair animale utilisée est insuffisamment fraîche, voire si elle est contaminée par des parasites ou encore si les rations sont mal équilibrées (70 % de viandes blanches et rouges, 10 à 15 % d’abats, 10 à 15 % d’os).

Les aliments à proscrire

Quel que soit le mode d’alimentation choisi, il est important de savoir que certains aliments sont à proscrire totalement du régime alimentaire du Chat, y compris sous forme de friandise, et même si cela va à l’encontre de quelques croyances encore profondément ancrées !

Il en est ainsi, notamment :

· du lait de vache et de ses dérivés (fromage blanc, yaourt…) qui ne conviennent pas au chat adulte le plus souvent intolérant au lactose

· de l’œuf cru dont le blanc perturbe l’assimilation de certains nutriments indispensables comme la vitamine B

· du chocolat, qui contient de la théobromine, que le métabolisme du Chat ne permet pas d’éliminer, à l’origine de troubles potentiellement graves comme les vomissements, les diarrhées, une augmentation du rythme cardiaque, des troubles musculaires et nerveux pouvant conduire à la mort de l’animal

· les fruits à pépins ou à noyaux, comme le raisin, les cerises, les abricots, la pomme, la poire, la pêche… qui contiennent du glycoside cyanogénique particulièrement toxique pour le Chat

· de l’avocat, qui contient une substance nommée persine, particulièrement toxique pour le Chat, capable d’entraîner des risques cardiovasculaires graves

· de l’ail et de l’oignon cru dont les dérivés soufrés peuvent provoquer vomissements, anémie et tachycardie

Les caractéristiques métaboliques spécifiques du Chat

Un besoin en protéines élevé

Les besoins quotidiens en protéines du Chat s’élèvent, a minima, à environ 5 grammes de protéines par kg de masse corporelle.

Cet apport protéiné élevé est gage d’une bonne santé de sa peau et de son pelage et du maintien de ses défenses immunitaires.

Ces nutriments que le Chat ne sait pas synthétiser

Pour satisfaire ses besoins nutritionnels quotidiens, le Chat doit par ailleurs absorber une quarantaine de nutriments pour maintenir un état de santé fonctionnel.

Parmi ces derniers figurent 22 acides aminés dont 11 ne peuvent pas être synthétisés par le Chat et qu’il doit donc trouver dans une nourriture protéinée d’origine animale, comme la Taurine, essentielle au bon fonctionnement du cœur, des muscles et de la vue, mais également nécessaire à la fonction de reproduction du Chat.

La chair animale fournit également au Chat les vitamines A et D et l’acide arachidonique, un acide gras indispensable à son métabolisme.

Les glucides, de vrais faux amis

Le Chat tire son énergie de la dégradation des protéines car son métabolisme n’est pas adapté à l’utilisation des glucides, faute d’amylase salivaire, et d’une activité très réduite des intestins pour décomposer les glucides dans l’intestin grêle.

Il est donc important de veiller à ce que l’alimentation du Chat ne soit pas trop riche en glucides, notamment en amidon, que le Chat ne digère pas bien et dont une consommation en excès peut conduit au surpoids par stockage sous forme de graisse.

Quelques chiffres à retenir

Une alimentation, notamment industrielle, adaptée aux besoins physiologiques et au métabolisme spécifique du Chat devra donc, a minima, respecter les besoins nutritionnels suivants :

source : SOS croquettes

7 règles d’or pour nourrir au mieux son Chat

En guise de résumé et pour conclure, voici 7 règles d’or à respecter pour garantir le bon équilibre alimentaire de son Chat et contribuer à son bien-être quotidien :

· Optez pour le libre-service : le Chat est un adepte des petits repas qu’il appréciera de picorer à son rythme tout au long de la journée et de la nuit

· Equilibrez la ration : la ration quotidienne du Chat, qu’elle soit d’origine industrielle ou ménagère, doit être équilibrée au regard de ses besoins nutritionnels, être calculée sur la base de son poids et correspondre à son mode de vie

· Evitez les changements soudains : toute nouvelle gamme alimentaire doit faire l’objet d’une transition progressive

· Veillez à la bonne hydratation : le Chat n’est pas un grand buveur, il est donc important de lui fournir a minima un repas humide par jour, afin qu’il s’hydrate en ingérant ce dernier, ainsi qu’une gamelle d’eau fraiche disponible en permanence

· Jetez les « restes » : le Chat n’est pas un être humain et ne doit pas être alimenté comme nous, d’autant plus que les restes de table contiennent souvent trop de graisses et des sucres et que certains aliments peuvent être toxiques

· Servez à température ambiante : les aliments sont souvent plus appétants à température ambiante et ne doivent donc pas être présentés au Chat tout juste sortis du frigo

· Oubliez les sucreries : ces dernières doivent être réservées comme récompense d’une éducation positive et être pleinement adaptées au métabolisme du Chat

Et avant de partir, si cet article a suscité en vous des questionnements ou des réactions, pensez à les partager ci-dessous dans les commentaires afin qu’ensemble, nous améliorions nos connaissances sur ce vaste et complexe sujet de l’alimentation du Chat.

CHATleureusement Vôtre

Hélène