Son territoire, ses habitudes et la routine … voilà ce que le Chat aime par dessus tout !

C’est pourquoi le moindre changement dans son quotidien peut devenir une importante source de stress : une porte anciennement ouverte et désormais fermée, un changement de mobilier, l’arrivée ou le départ d’une personne dans votre foyer, un congénère non désiré, un nouveau logement ou encore un rythme de vie différent …

Sans oublier que le Chat, en parfaite éponge émotionnelle, peut également ressentir votre propre agitation ou apathie, votre langueur ou dépression et faire sienne votre souffrance du moment !

Tout stress peut engendre un changement de comportement chez votre Chat, qui peut ainsi devenir, du jour au lendemain, craintif, malpropre ou encore agressif.

Il importe donc de déceler au plus tôt tout changement soudain d’attitude chez votre matou afin d’y remédier sans délai pour son bien-être physique et psychique … mais également pour le vôtre !

L’anxiété chez le Chat : origine et manifestations

Qu’est ce que l’anxiété ?

L’anxiété chez le Chat est une émotion liée au stress. Elle se traduit par des comportements exagérés et répétitifs du Chat qui semblent le plus souvent inappropriés. S’ils ne sont pas pris à temps et traités correctement, ces troubles risquent de s’amplifier jusqu’à se transformer en un comportement normal et habituel.

C’est lorsque le Chat ne peut se soustraire à ce qui lui fait peur (un bruit répétitif par exemple) ou le perturbe dans ses comportements naturels que l’anxiété s’installe.

Et contrairement à la peur, qui est une réaction intense mais brève en réponse à une situation spécifique, l’anxiété devient, par anticipation et généralisation progressive, diffuse, sans objet et permanente.

Chez le Chat, trois processus principaux peuvent conduire au développement de l’anxiété chez le Chat:

• un état phobique primaire non traité qui évolue progressivement en anxiété permanente (le Chat sursaute au moindre bruit, au moindre geste, semble avoir peur de n’importe quoi, et être bouleversé au moindre changement de son quotidien)

• les troubles de la communication, entre congénères mais également entre le Chat et son propriétaire lorsqu’une incompréhension s’installe entre eux, le plus souvent en raison d’une méconnaissance des signaux de communication du Chat

• le non-respect des exigences naturelles et instinctives du Chat

Ces différentes processus sont intimement liés aux événements potentiellement « sensibilisants » anciens ou plus récents vécus par le Chat (expérience traumatisante, manque de socialisation adéquate, antécédents de maltraitance ou de négligence), aux éventuelles contraintes du milieu social et territorial dans lequel il évolue ainsi qu’à ses capacités d’adaptation et donc à sa vulnérabilité individuelle.

Comment l’anxiété de manifeste t-elle chez le Chat ?

L’anxiété est un trouble émotionnel qui se caractérise principalement par une hypervigilance, une dérégulation des autocontrôles et une perte des capacités adaptatives à toute variation du milieu.

Ses manifestations sont relativement variées chez le Chat mais elles peuvent toutefois se regrouper en 2 catégories distinctes, bien que s’exprimant souvent simultanément :

Les manifestations organiques

• digestives : vomissements, selles molles

• cutanées : plaies de léchage, rongement excessif des griffes, pertes de poils localisées

• cardiorespiratoires : augmentation des fréquences cardiaque et respiratoire

• sudation des coussinets plantaires, hypersalivation, pupilles dilatées, ondulation de la peau (rolling skin syndrom)

Les manifestation comportementales

• apathie et diminution du comportement exploratoire

• présence d’activités substitutives : alimentaires (anorexie ou boulimie) ou de toilettage (léchage compulsif)

• perturbation du sommeil

• vocalises

• comportements de défense : évitement, immobilité, fuite ou agression par peur et par irritation en cas de contact forcé

• dérégulation des autocontrôles : impulsivité plus grande, marquage urinaire plus fréquent,, marquage facial et flehmen exacerbés, griffades, comportement d’élimination perturbé

La vessie étant notamment l’organe cible du stress chez le Chat, ce dernier participe donc au développement d’affections urinaires, comme la cystite interstitielle chronique. C’est pourquoi la malpropreté est souvent l’un des premiers symptômes visibles de l’anxiété.

Et lorsque cette dernière devient chronique, l’organisme du Chat produit du cortisol à haute dose, ce qui provoque l’affaiblissement de ses défenses immunitaires et le rend donc plus vulnérable aux maladies infectieuses.

Les différentes formes d’anxiété chez le Chat

Le Chat peut ressentir du stress dans de nombreuses situations : en cas d’ennui et d’inactivité, lorsqu’il se retrouve contraint de partager son territoire avec un congénère, si son environnement est trop fréquemment modifié (déménagement, nettoyage intempestif), s’il est victime de punition et de réprimandes à répétition, ou encore les absences répétées de son humain référent.

On peut donc distinguer différentes formes d’anxiété chez le Chat, selon leur origine.

L’anxiété de privation sensorielle

Ce trouble du comportement du Chat résulte d’une inadéquation entre le milieu de développement du chaton lorsque ce dernier présente peu de stimulations et le milieu de vie ultérieure s’il s’avère plus stimulant.

Il correspond à un défaut d’apprentissage « des choses de la vie », c’est à dire que le chaton a été peu au contact des bruits, des personnes, des animaux et qu’il n’a pas appris à les reconnaître comme familiers avant sa 8ème semaine, ce qui génère ensuite chez lui, lorsqu’il s’y retrouve brutalement exposé, par des réactions de peur fréquentes : évitement de l’Homme, alimentation nocturne, exploration limitée de son territoire, agressivité.

L’anxiété en milieu clos

Ce type d’anxiété correspond au cas contraire du précédent. Il se rencontre prioritairement chez le Chat élevé dans un milieu riche en stimulations, ayant notamment un libre accès à l’extérieur et pouvant chasser, et qui se retrouve après son adoption dans un milieu bien moins stimulant, comme un appartement.

Lorsque le Chat peine à s’adapter à son nouvel environnement de vie, il peut développer cette anxiété en milieu clos qui se manifeste principalement par des périodes d’activités motrices débridées (course, sauts) notamment à la tombée de la nuit et divers types d’agressivité :

• agression de prédation : le Chat se cache en embuscade et attaque vivement les pieds et les jambes de ses propriétaires lors de leurs passages, avec des morsures souvent vulnérantes

• agression par irritation : le Chat interrompt brutalement une séance de caresse par un violent coup de patte ou de dents

• agression redirigée par frustration sur ses propriétaires lorsqu’une proie visible (à travers la fenêtre par exemple) lui reste inaccessible

L’anxiété en milieu clos est souvent intermittente au départ mais la multiplication des nuisances (agressions, marquage urinaire, impulsivité) conduit souvent rapidement à une détérioration de la relation entre le Chat et son propriétaire, ce qui ne fait qu’aggraver encore plus le niveau d’anxiété du Chat et renforce donc encore les nuisances, bref, vous l’avez compris, difficile de sortir de ce cercle vicieux une fois qu’il est enclenché !

L’anxiété de déterritorialisation

Lorsque le Chat se trouve confronté à une modification importante de son milieu de vie, suite à :

• un changement de territoire : déménagement, vacances, mise en pension, garde chez des amis,

• une modification de son environnement physique : changement de revêtement de sol ou mural, changement de mobilier, nettoyage excessif,

• une modification de son style de vie : passage de la campagne à la ville, logement plus restreint

• une modification de son environnement social : arrivée d’un bébé ou d’un autre animal de compagnie

il peut en être perturbé au point de développer de l’anxiété qui se manifeste le plus souvent par du marquage urinaire pouvant évoluer en malpropreté, des griffades, des agressions territoriales et par irritation.

En cas d’anxiété de déterritorialisation, toute sanction ou mesure d’isolement du Chat est à bannir car totalement contre-productive et de nature à renforcer l’anxiété déjà existante.

L’anxiété de cohabitation

Lorsqu’il se retrouve en présence d’un nouveau compagnon, face au changement d’allure ou d’odeur d’un congénère (par exemple au retour d’une hospitalisation) ou encore lors de l’atteinte de la puberté d’un chaton de sa « tribu », le Chat se retrouve confronté au nécessaire partage de son territoire.

Or, si ce dernier s’avère difficile à mettre en place et génère feulements, menaces voire combats, le Chat peut développer progressivement une anxiété de cohabitation.

Ce type d’anxiété, qui touche les 2 chats concernés, est souvent aggravée par les interventions des propriétaires qui cherchent à séparer les deux protagonistes lors des premières escarmouches pour protéger celui qu’ils estiment être la victime avant que les chats ne puissent trouver leur terrain d’entente.

Un logement de taille restreint, sans possibilité de sortie et n’offrant que peu de zones d’isolement, constitue également un facteur de risque important.

L’anxiété de cohabitation est malheureusement rarement prévisible et il est donc plutôt déconseillé d’envisager d’acquérir un nouveau Chat pour tenir compagnie au premier installé compte tenu des risques que cette nouvelle arrivée peut potentiellement provoquer.

L’anxiété de séparation

Le Chat peut aussi ressentir une angoisse de séparation lorsqu’il ne voit plus son humain référent vis à vis duquel il a développé un hyper-attachement ou qu’il se retrouve seul dans le logement.

Ce type d’anxiété reste toutefois relativement rare et se rencontre prioritairement chez les individus ayant subi un abandon, ayant été biberonnés depuis leur plus jeune âge, ayant vécu une médicalisation lourde et donc une dépendance importante vis à vis de l’Homme ou ayant eu plusieurs propriétaires successifs dans un laps de temps restreint.

L’anxiété due à un mode de distribution alimentaire inapproprié

Le mode de distribution alimentaire doit être adapté aux besoins du Chat.

Afin d’éviter le surpoids, certains propriétaires se contentent de donner un ou deux repas par jour à leur compagnon. Cette disposition est souvent adoptée après stérilisation, brutalement, afin d’éviter toute prise de poids.

Or le Chat est un grignoteur qui aime se nourrir peu mais souvent.

Il est donc vivement conseillé de lui proposer une alimentation en libre service et à volonté.

En cas de problématique de surpoids, il peut être envisagé de distribuer la ration quotidienne en plusieurs fois, l’objectif étant de donner au Chat l’impression que sa gamelle n’est jamais vide. Le recours à des distributeurs mobiles style pipolino sont également très intéressants en ne nécessitant pas notre présence pour fractionner la distribution alimentaire et en imposant un effort physique et mental stimulant au Chat pour gagner sa pitance.

L’anxiété chez le Chat adulte

L’anxiété peut également apparaître chez le Chat adulte immédiatement après une situation traumatisante, suite à l’évolution de phobies préexistantes non soignées ou encore en phase de vieillissement avec l’apparition de douleurs articulaires et de troubles neurologiques (troubles de la mémoire, désorientation, démence).

On peut également la rencontrer chez le Chat « jouet », constamment manipulé comme une peluche, notamment par les enfants, sans respect aucun pour ses besoins éthologiques (temps de repos notamment).

Cette anxiété se traduit le plus souvent par une agressivité qui se renforce en fréquence et en intensité, avec disparition de la phase de menace préalable, le Chat ayant compris que ce comportement lui permet de faire cesser immédiatement ce qui le contrarie.

On parle alors d’instrumentalisation de l’agression : le Chat ne prévient plus et devient de plus en plus violent.

Combattre l’anxiété chez le Chat

Si l’anxiété chez le Chat peut trouver son origine dans de multiples causes, y compris d’ordre médical, presque toutes ont toutefois un lien avec un changement dans son quotidien, qu’il s’agisse de son territoire ou de son environnement social.

Son traitement repose prioritairement sur la suppression des causes, l’optimisation des conditions environnementales et la restauration du lien avec les propriétaires.

Après avoir vérifier l’absence de problème médical via une visite chez le vétérinaire, combattre l’anxiété chez le Chat passe donc par la recherche de ce qui a pu stresser le Chat mais … ce qui est évidemment plus facile à dire qu’à faire ! Car le Chat vit dans son monde propre et ce qui peut sembler anecdotique et sans conséquence pour nous peut prendre des proportions bien différentes pour lui.

Une fois la cause principale de son stress identifié, il peut être suffisant de modifier les conditions de vie du Chat, pour plus de confort, de bien-être, de sécurité et de détente :

• les réprimandes et punitions seront bien évidemment à proscrire,

• ses repas pourront être améliorés en qualité et en quantité,

• sa ration d’eau sera à vérifier quotidiennement,

• des griffoirs et postes d’observation en hauteur ou sur l’extérieur seront à proposer, tout comme des lieux de repos divers et variés

• sa litière sera à positionner dans un lieu calme mais de passage également

• des séances de jeux partagées et du temps pour câliner permettant, au besoin, de restaurer le lien avec son Chat

Cet enrichissement du milieu de vie du Chat est notamment essentiel en cas d’agression afin de rediriger son attention et de lui permettre de décharger son énergie ainsi qu’une éventuelle frustration.

Ces premières mesures peuvent s’accompagner de la diffusion de phéromones apaisantes (fraction F3) pour faciliter la restructuration du territoire du Chat et inhiber le marquage urinaire, voire de la distribution de compléments alimentaires efficaces contre l’anxiété et sans aucune contre-indication ni effet secondaire comme le Zylkène.

Si ces premières mesures ne produisent pas l’effet escompté, la consultation d’un comportementaliste félin peut vous aider à identifier les facteurs stressants pour votre Chat, à le désensibiliser à ces déclencheurs par une exposition répétée et sécuritaire ou à les supprimer de son environnement.

Le contre-conditionnement, qui consiste à modifier la réaction émotionnelle de votre Chat en travaillant par associations positives, peut également être proposé dans le cadre d’un protocole comportemental adapté.

En cas d’anxiété de privation sensorielle et de déterritorialisation, une restriction de l’espace de vie du Chat peut être envisagée dans un premier temps afin de lui permettre de le restructurer à sa guise et de s’y sentir rassuré avant de lui offrir un accès progressif à l’ensemble de son territoire.

Enfin, au besoin, le vétérinaire, seul habilité à le faire, peut prescrire un traitement médicamenteux pour diminuer les manifestations végétatives et émotionnelles et apaiser votre Chat et le rendre plus réceptif à un éventuel travail comportemental en parallèle.

Car une anxiété non traitée ne disparaît pas d’elle-même et risque plutôt de s’aggraver avec le temps. Les comportements indésirables sont ainsi de plus en plus prononcés et la santé même de votre Chat risque de se dégrader progressivement en raison de l’affaiblissement de son système immunitaire et du risque d’apparition d’une dépression grave.

Mais avec de la patience et la ferme volonté d’agir pour aider votre Chat à guérir de son anxiété, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour qu’il se rétablisse complètement et retrouve sa santé et sa joie de vivre.

CHATleureusement vôtre !

Hélène